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Writer's pictureRav Uriel Aviges

Bamidbar 5774

Dans ce cours nous parlons de la relation existant entre trois événements lies par les midrashim. La mort des 24 000 eleves de rabi Akivah, la mort des 24 000 membres de la tribu de chimon dans le desert a Chitim, et le massacre de la ville de chehem par les frères de dina par chimon et levy. Il apparait que dans ces trois cas, c'est le lien entre la sensibilité sentimentale et le rapport a D qui est mis en cause. Peut-on vraiment separer le corps de l'esprit, peut-on vraiment aimer la torah sans aimer les juifs? ou peut on aimer les non juif sans aimer leurs idoles?

A la mémoire de Yehoshuah Yaacov ben Hanna, Yehoshuah Amzalag, zihrono livraha. (Le yortsheit est aujourd'hui le 3 sivan)

Les cabalistes expliquent qu’il y a un lien entre trois événements historiques. Le premier étant le massacre de la ville de Chehem par les frères de Dinah, Chimon et Levy, le second, la mort des 24000 membres de la tribut de Chimon dans le désert dans la ville chittîm, et le troisième, la morts des 24000 élèves de rabi akivah, survenue pendant la période du Omer entre pessah et chavouot.

Les cabalistes expliquent qu’il est chaque foi question de 24000 âmes qui se sont réincarnées à ces trois périodes de l’histoire. Dans ce cours nous allons essayer d’expliquer le lien qui existe entre ces trois événements.

1- Le massacre de la ville de Chehem.

Le massacre de la ville de Chehem est relaté dans la genèse. Les versets disent « Or, Dina, la fille que Léa avait enfantée à Jacob, sortit pour faire connaissance avec les filles du pays. 2 Elle fut remarquée de Sichem, fils de Hamor le Hévéen, gouverneur du pays; il l'enleva et s'approcha d'elle en lui faisant violence. 3 Puis son cœur s'attacha à Dina, fille de Jacob; il aima la jeune fille et il parla à son cœur. 4 Sichem dit à Hamor, son père: "Obtiens moi cette jeune fille pour épouse." 5 Jacob apprit qu'on avait déshonoré Dina, sa fille. Ses fils étaient avec son bétail, dans les champs; Jacob se tut jusqu'à leur retour. 6 Hamor, père de Sichem, se rendit auprès de Jacob pour lui parler. 7 Mais les enfants de Jacob étaient revenus des champs à cette nouvelle et ces hommes étaient consternés et leur indignation était grande; car une flétrissure avait eu lieu en Israël par le viol de la fille de Jacob et ce n'est pas ainsi qu'on devait agir. 8 Hamor leur parla en ces termes: "Sichem, mon fils, a le cœur épris de votre fille; donnez-la lui, je vous prie, pour épouse. 9 Alliez-vous avec nous; donnez-nous vos filles et épousez les nôtres. 10 Demeurez avec nous; le pays vous est ouvert: restez y, exploitez le et formez y des établissements." 11 Sichem dit au père de la jeune fille et à ses frères: "Puisse-je trouver faveur auprès de vous! Ce que vous me demanderez, je le donnerai. 12 Imposez-moi le douaire et les dons les plus considérables, je donnerai ce que vous me direz; accordez-moi seulement la jeune fille pour épouse." 13 Les fils de Jacob usèrent de ruse en répondant à Sichem et à Hamor son père, parce qu'on avait souillé Dina, leur sœur. 14 Ils leur dirent: "Nous ne saurions agir ainsi, donner notre sœur à un homme incirconcis: ce serait un déshonneur pour nous. 15 Toutefois, à ce prix nous serons d'accord avec vous: si vous devenez comme nous, en circoncisant tout mâle d'entre vous. 16 Alors nous vous donnerons nos filles et nous accepterons les vôtres pour nous; nous habiterons avec vous et nous formerons un seul peuple. 17 Que si vous ne nous écoutez pas pour la circoncision, nous prenons notre fille et nous nous retirons." 18 Leurs paroles plurent à Hamor et à Sichem son fils. 19 Et le jeune homme n'hésita point à effectuer la chose, épris qu'il était de la fille de Jacob; d'ailleurs, il était considéré entre tous dans la maison de son père. 20 Hamor alla, avec Sichem son fils, vers la porte de leur ville et ils parlèrent aux habitants de leur ville en ces termes: 21 "Ces hommes sont de bonne foi avec nous; qu'ils résident dans le pays et qu'ils l'exploitent, le pays est assez vaste pour les admettre; nous prendrons leurs filles pour épouses et nous leur accorderons les nôtres. 22 Pourtant, à une condition, ces hommes consentent à demeurer avec nous pour former un même peuple: c'est que tout mâle parmi nous soit circoncis comme ils le sont eux mêmes. 23 Leurs troupeaux, leurs possessions, tout leur bétail, n'est il pas vrai, seront à nous Tous ceux qui habitaient l'enceinte de la ville écoutèrent Hamor et Sichem son fils; et tout mâle fut circoncis, parmi les citoyens de la ville. 25 Or, le troisième jour, comme ils étaient souffrants, deux des fils de Jacob, Siméon et Lévi, frères de Dina, prirent chacun leur épée, marchèrent sur la ville avec assurance et tuèrent tous les mâles; 26 et Hamor et Sichem son fils, ils les passèrent au fil de l'épée; ils emmenèrent Dina hors de la maison de Sichem et ils ressortirent. 27 Les fils de Jacob vinrent dépouiller les cadavres et pillèrent la ville qui avait déshonoré leur sœur: 28 leur menu bétail, leur gros bétail, leurs ânes, ce qu'ils avaient à la ville, ce qu'ils avaient aux champs, ils le ravirent. 29 Tous leurs biens, tous leurs enfants et leurs femmes, ils les emmenèrent et les dépouillèrent, avec tout ce qui était dans les maisons. 30 Jacob dit à Siméon et à Lévi: "Vous m'avez rendu malheureux en me mettant en mauvaise odeur chez les habitants du pays, le Cananéen et le Phérézéen; moi, je suis une poignée d'hommes, ils se réuniront contre moi et me frapperont et je serai exterminé avec ma famille." 31 Ils répondirent: "Devait-on traiter notre sœur comme une prostituée?"

A la fin de ce passage, il semble que Shimon et Levy ont le dernier mot, Jacob ne trouve rien à leur répondre, lorsqu’ils disent « "Devait-on traiter notre sœur comme une prostituée? ». Jacob semble être en tort puisqu’il manque de confiance en D. Jacob aurait du avoir la foi en la providence et ne pas laisser bafouer l’honneur de sa fille. Abraham n’est il pas parti faire la guerre tout seul contre quatre rois pour sauver son frère ? Après cet épisode il apparait clairement que Jacob n’est plus le leader de sa famille, c’est Chimon et Levy et Yehudah qui vont prendre le contrôle de la destinée du peuple, alors que Jacob ne fera plus que subir les décisions de ses enfants. (D’ailleurs, plus tard le comportement de Chimon et Levy sert d’exemple à la révolte victorieuse de hasmonéen contre les grecs.) 

Pourtant, avant de mourir, lorsque Jacob bénit ses enfants, il n’admet pas que ses enfants ont eu raison, il continue à les maudire sur son lit de mort il leur dit « Siméon et Lévi! Digne couple de frères; leurs armes sont des instruments de violence. 6 Ne t'associe point à leurs desseins, ô mon âme! Mon honneur, ne sois pas complice de leur alliance! Car, dans leur colère, ils ont immolé des hommes et pour leur passion ils ont frappé des taureaux. 7 Maudite soit leur colère, car elle fut malfaisante et leur indignation, car elle a été funeste! Je veux les séparer dans Jacob, les disperser en Israël. »

Comment se fait-il que Jacob n’admette pas que ses enfants aient eu raison ? Pourquoi Jacob pense-t-il, que malgré la victoire miraculeuse des juifs, Chimon et Levy ont eu tort ?

Le midrash explique que Jacob pensait qu’il ne fallait pas rejeter les gens de Chehem vu qu’ils étaient prêts à se convertir et à observer les commandements de la torah. Jacob pensait que, bien que la motivation des gens de Chehem était loin d’être pure, en effet, les gens de Chehem disent clairement qu’ils se convertissent pour profiter des troupeaux et des femmes de la famille de Jacob, il n’empêche que dans un deuxième temps, lorsqu’ils se convertissent, ils ont vraiment foi en D, et que pour cette raison il ne fallait pas les rejeter, suivant le principe connu « un homme doit toujours observer la torah et les mitsvot même d’une manière intéressée, car par la suite, il va en venir a observer la torah et les mitsvot, de manière désintéressée » (sotah 47a).

En fait Jacob pensait que l’on ne peut pas différencier de manière distincte l’amour que l’on a pour une personne, et l’idéal idéologique que représente cette personne. Si Chehem est amoureux de Dinah, il est par là même amoureux de la torah, car pour Chehem, la torah est personnifiée en la personne de Dinah.

Comment les habitants de Chehem auraient il accès à la torah, si ce n’est a travers la manière dont les enfants de Jacob la personnifient ? Le midrash Rabah 80,7, retrouve une analogie entre les mots utilises par Chehem pour décrire son amour de Dinah et l’amour de D pour Israël, et d’Israël pour D, l’amour de Chehem pour Dinah était l’expression profonde d’un amour de la torah. C’est pour cette raison que Jacob continue à penser que Chimon et Levi ont eu tort de massacrer la ville de Chehem.

Il apparait en tout cas que le massacre de la ville de Chehem est une erreur, si on considère que dans un premier temps, l’homme ne peut avoir accès à la torah qu’en s’identifiant par un rapport de projection et d’amour a un autre.

2- la mort des 24000 membres de la tribut de Chimon a chittîm

L’épisode de la destruction des 24000 membres de la tribu de Chimon est relaté dans le livre des nombres les versets disent : « Israël s'établit à Chittîm. Là, le peuple se livra à la débauche avec les filles de Moab. 2 Elles convièrent le peuple à leurs festins idolâtres; et le peuple mangea, et il se prosterna devant leurs dieux. 3 Israël se prostitua à Baal-Peor et le courroux du Seigneur s'alluma contre Israël. 4 Et le Seigneur dit à Moïse: "Prends tous les chefs du peuple et fais-les pendre au nom du Seigneur, à la face du soleil, pour que la colère divine se détourne d'Israël." 5 Et Moïse dit aux juges d'Israël: "Que chacun de vous immole ceux des siens qui se sont livrés à Baal-Peor! 6 Cependant, quelqu'un des Israélites s'avança, amenant parmi ses frères la Madianites, à la vue de Moïse, à la vue de toute la communauté des enfants d'Israël, qui pleuraient au seuil de la tente d'assignation. 7 A cette vue, Phinéas, fils d'Eléazar, fils d'Aaron le pontife, se leva du milieu de la communauté, arma sa main d'une lance, 8 entra, sur les pas de l'Israélite, dans la tente, et les perça tous deux, l'Israélite ainsi que cette femme, qu'il frappa au flanc; et le fléau cessa de sévir parmi les enfants d'Israël. 9 Ceux qui avaient péri par suite du fléau étaient au nombre de vingt-quatre mille. »

Pour comprendre l’enjeu de ce passage et le comportement de Zimri le prince de la tribu de Chimon il est utile de citer le commentaire de Rashi.

« Il se prosterna vers leurs dieux Au plus fort de son désir, quand il disait à la fille : « Satisfais-moi ! », elle sortait de son sein une image de Pe‘or et elle lui disait : « Prosterne-toi devant elle ! »

Et voici, un homme des fils d’Israël vint La tribu de Chim‘on s’est rassemblée chez Zimri qui en était le prince et ils lui ont dit : « Nous sommes passibles de la peine de mort, et toi tu es assis là… », Comme expliqué dans le traité Sanhèdrin (82a).

Aux yeux de Mochè Ils lui ont dit : « Mochè ! Cette femme est-elle interdite ou permise ? Et si tu réponds qu’elle est interdite, qui t’a permis la fille de Yithro ? »…, comme expliqué dans le même passage de Sanhèdrin. »

Le maharcha dans le traité de Sanhédrin explique que Moshé avait condamné la tribu de Chimon de la peine capitale par ce qu’ils s’étaient prosterne aux idoles de peor. Zimri voulait prendre la défense de sa tribu en expliquant que les juifs n’avaient pas vraiment voulu se prosterner aux idoles, ils voulaient simplement avoir des relations avec les filles non juives. 

Or, avoir des relations avec des filles non juives, n’est pas interdit par la torah, ce n’est qu’un interdit d’ordre rabbinique qui ne peut pas être puni de la peine de mort. De plus, La halacha dit spécifiquement que si un homme se prosterne à une idole par amour pour une femme ou par la crainte d’un homme, il n’est pas passible de peine de mort. C’est pour cette raison que Zimri a tenu à avoir des relations avec une fille de Midyan en publique, pour montrer a Moshé que la faute des gens de sa tribu été limitée a cet interdit d’ordre rabbinique et qu’ils n’étaient pas passible d’une punition grave. 

Pourtant la torah donne tort à Zimri et a sa tribu. La encore, on se rend compte que les membres de la tribu de Chimon cherchent à distinguer de manière claire le lien a une idéologie religieuse et l’amour en la personne qui la personnifie.

Les gens de Chimon pensent qu’aimer les filles de Midyan cela ne revient pas à aimer la mode de vie qu’elles représentent. De même que Chimon pensait que si Chehem aimait Dinah, on ne pouvait pas dire de lui qu’il aimait la torah. Pour la tribu de Shimon, on ne peut pas dire que l’on aime les idoles, lorsque l’on aime les femmes qui pratiquent le culte idolâtre.

Dans les deux passages cités, la torah semble donner tort à la vision « désagrégeant » de Chimon. Il apparait que la torah veut nous montrer qu’il y a toujours un lien entre un mode de vie et l’environnement qui le personnifie. Le cœur et l’esprit ne sont pas deux choses distinctes que l’on pourrait considérer séparément l’une de l’autre. Lorsque l’on aime une femme juive on aime le judaïsme, lorsque l’on aime une femme idolâtre, on aime les idoles.

3- La mort des élèves de rabi akivah

La mort des 24000 élèves de rabi akivah est mentionnée dans la traite de Yevamoth. Ils sont morts par ce qu’ils ne se rendaient pas des honneurs les uns les autres. Ailleurs, dans le traite de Nedarim et chabath le talmud explique que rabi akivah avait enseigné la torah à ces 24000 milles élèves uniquement par ce qu’il était amoureux de la fille d’un milliardaire de l’époque « kolbah savouah ». Lorsqu’il revient voir sa femme avec les 24000 élèves, il dit explicitement à ses élèves que toute la torah qu’ils ont reçue, il la doive à cette femme.

Il semble que si ces 24000 élèves de rabi akivah sont mort, c’est justement par ce que la motivation de rabi akivah, lorsqu’il enseignait a ses élèves, n’était pas pure.

L’événement de la mort des élèves de rabi akivah semble contredire la conclusion des deux passages précédent, puisque dans ce passage il apparait qu’il soit vital de pratiquer la torah par conviction idéologique et qu’il soit fatal de la faire par amour pour une autre personne. 

Cependant, il existe une différence fondamentale entre l’histoire de rabi akivah et les deux autres événements relatés dans la torah. Lorsque rabi akivah se marie avec la fille de « kolbah savouah », elle pose comme condition au mariage qu’il passe 12 ans à la yeshivah. Elle ne va pas le suivre a la yeshivah, elle reste seule dans sa ville. Contrairement a l’histoire de Chehem et de Zimri, chez la femme de rabi akivah, l’idéologie ne sert pas à favoriser un rapprochement physique, au contraire la torah permet a la femme de rabi akivah de le tenir a distance.

Le talmud raconte que le père de la femme de rabi akivah avait cherché à marier sa fille, mais qu’elle avait refuse tous les partis proposés par son père, elle avait choisi rabi akivah par ce qu’il était berger et pauvre, par ce qu’elle voulait se démarquer et se libérer de l’emprise de son père.

 La femme de rabi akivah cherche l’indépendance, c’est pour cette raison qu’elle demande a son mari d’étudier a la yeshivah pendant 24 ans, elle se trouve ainsi libérée de son père et de son mari. 

Dans l’histoire de Chehem, la femme, Dinah, sert d’interface entre Chehem et la torah. Chehem aime Dinah et à travers Dinah il aime la torah. De même, la tribu de Chimon cherche un rapprochement physique avec les filles de midyan, l’idéologie est une interface qui permet ce rapprochement. Alors que dans l’histoire de rabi akivah, la torah cause un éloignement physique entre l’homme et la femme.

Comment comprendre que la femme de rabi akivah soit capable de tout sacrifier pour que son mari étudie la torah, et que d’un autre cote, elle ne veule pas le voir chez elle ?

En fait, la femme de rabi akivah ne cherchait pas à se marier avec lui, elle voulait simplement s’identifier au rôle idéal de la femme du talmid haham. Elle déconnecte l’image idéal de son mari et sa personne réelle. C’est pour cette raison que rabi akivah, lui-même, n’est pas capable d’appréhender la personnalité réelle de ses élèves, ils ne voient en eux que des images idéalisées d’étudiant en torah interchangeables.

4- La conscience de sa fragilité permet d’unifier le cœur et l’esprit

Le midrash explique que si les élèves de rabi akivah sont morts c’est par ce qu’ils ne s’enseignaient par la torah les uns les autres, chacun gardait ses résultats pour lui.

Le talmud (Yevamoth 62) rapporte l’histoire des 24 000 élèves de rabi akivah pour expliquer la Michna commandant d’avoir le plus d’enfants possibles. « Rabi akivah dit : « celui qui a eu des enfants quand il était jeune, doit continuer a en avoir lorsqu’il est vieux, de même celui qui a étudié la torah lorsqu’il était jeune, doit aussi étudier lorsqu’il est vieux, celui qui a eu des élèves lorsqu’il était jeune, doit continuer a en avoir lorsqu’il est vieux, car on ne sait jamais les quelles vont réussir et ceux qui vont donner des fruits. » rabi akivah avait 24000 élèves éparpillés dans tout Israël, et ils sont tous mort d’un coup, puis rabi akivah enseigne a 5 maitres venu du sud, et ce sont ces 5 maitres qui ont rempli toute la terre d’Israël de torah »

Ce passage du talmud est difficile, car il fait dépendre le devoir d’étudier le plus possible,( ou d’enseigner le plus possible ou d’avoir le plus possible d’enfants,) du fait que l’on ne sait pas si l’étude que l’on a fait dans sa jeunesse (ou si les élèves que l’on a eu dans sa jeunesse ou les enfant s que l’on a eu dans sa jeunesse,) vont survivre et avoir une postérité. On pourrait donc déduire des paroles du talmud, que si un homme est assure de la postérité de ses élèves (et de sa pensée ou de ses enfants,) il ne serait plus obliger d’étudier ou d’enseigner ou de procréer.

 Or a première vue, même si un homme est assure de la postérité, il devrait de toutes les manière continuer a enseigner ou a étudier ou a procréer, puisque chaque minute d’étude est une mitswah a part entière, de même que l’enseignement a chaque élève est un devoir a part entière, de même que la procréation de chaque enfant est un devoir a part.

Pourquoi le talmud fait il donc dépendre le devoir d’enseigner ou d’étudier de la fragilité de l’existence humaine ?

En fait le talmud veut nous expliquer l’erreur que rabi akivah a faite lorsqu’il a enseigne les torah aux 24000 élèves. Lorsqu’il enseignait dans sa jeunesse, rabi akivah considérait chaque élève était un élève comme un autre. Rabi akivah se disait qu’il devait enseigner au plus grand nombre possible d’élève, mais il ne voyait pas la spécificité de chacun des élèves, il ne se disait pas a chaque foi qu’il avait un nouvel élève « c’est peut être uniquement a travers lui que j aurais une postérité ». C’est pour cette raison que les 24000 élèves se sont sentis eux même interchangeables et remplaçables. Ce qui explique pourquoi qu’ils ne s’honoraient pas les uns les autres.

 Après la mort des 24000 élèves, rabi akivah a pris conscience de la fragilité et de la spécificité de chacun des élèves. Chaque élève est unique par ce que l’homme est fragile. 

De même, la femme de rabi akivah voulait être mariée a un talmid haham, mais elle n’était pas intéressée a être mariée avec l’individu « akivah ben Yossef ». Elle cherchait à s’identifier à un idéal mais elle ne cherchait pas un homme. Or, ce qui permet de prendre conscience du caractère irremplaçable de l’individu c’est sa fragilité. Lorsqu’une femme cherche à affirmer son indépendance, elle nie sa propre fragilité, elle cherche à faire abstraction la conscience de sa mort.

La femme de rabi akivah cherchait à affirmer son indépendance en s’opposant au désir paternel et en envoyant son mari a la yeshivah, de ce fait, elle nie le visage de rabi akivah et son propre visage. Elle crée un fossé entre sa sensibilité et son idéal de vie.

C’est en acceptant de voir sa propre fragilité et celle de l’autre que l’on arrive faire le lien entre l’image idéalisée de l’autre et sa personne.

Lorsque Jacob s’oppose à la décision de Chimon et Levi après le massacre la ville de Chehem, il parle de la fragilité de sa famille. « Moi, je suis une poignée d'hommes, ils se réuniront contre moi et me frapperont et je serai exterminé avec ma famille ». C’est la conscience de sa fragilité qui permet de faire la symbiose entre l’idéal idéologique et la sensibilité du cœur.

La religion ou l’ambition de réaliser un idéal de vie peuvent effacer le visage de l’autre et son propre visage. On peut se perdre en se projetant dans un rôle social ou spirituel qui nous annihile. ce qui protège de cette dissolution, c’est la prise de conscience et l’acceptation de la fragilité inhérente a la condition humaine. 

L’ennuie, c’est que souvent on s’identifie a un idéal spirituel ou social, justement pour nier la conscience de sa mort et de sa fragilité, on se trouve ainsi bloqué dans un cercle vicieux, qui nous pousse à nous fuir nous même et a nier l’existence de l’autre. c’était le cas de la femme et des élèves de rabi akivah.


 

Les documents

 

1- la malediction de Jacob, l’histoire de chehem

Siméon et Lévi! Digne couple de frères; leurs armes sont des instruments de violence. 6 Ne t'associe point à leurs desseins, ô mon âme! Mon honneur, ne sois pas complice de leur alliance! Car, dans leur colère, ils ont immolé des hommes et pour leur passion ils ont frappé des taureaux. 7 Maudite soit leur colère, car elle fut malfaisante et leur indignation, car elle a été funeste! Je veux les séparer dans Jacob, les disperser en Israël.

Rashi

Chim‘on et Léwi sont frères Animés d’un même dessein contre Chekhem et contre Yossef (Midrach tan‘houma 9). Il est écrit : « ils dirent chaque homme “à son frère”... et maintenant, venez et tuons-le ! » (supra 37, 19 et 20). Qui étaient-ils ? Diras-tu que c’était Reouven ou Yehouda ? Mais ils n’étaient pas d’accord pour le tuer (supra 37, 21-22-26). Diras-tu que c’était les fils des servantes ? Mais la haine qu’ils éprouvaient envers Yossef n’était pas violente, ainsi qu’il est écrit : « passant son enfance avec les fils de Bilha et les fils de Zilpa, femmes de son père » (supra 37, 2). Quant à Yissakhar et Zevouloun, ils ne prenaient pas la parole pas en présence de leurs frères aînés. Force est donc de conclure que c’était Chim‘on et Léwi, ceux-là mêmes que leur père appelle ici des « frères » (Midrach tan‘houma).

Instruments de violence (‘hamas) [Le mot ‘hamas peut signifier quelque chose d’usurpé]. L’activité homicide est ‘hamas : elle ne vient pas de vous. Elle prend son origine dans la bénédiction conférée à ‘Essaw. C’est à lui qu’elle appartient, et vous la lui avez usurpée (‘hamastèm) (ibid.).

A leurs desseins que mon âme... C’est l’histoire de Zimri (Bamidbar 25, 6 à 15), [le mot sod (« dessein ») pouvant être rendu par « complot »]. Quand la tribu de Chim‘on s’est réunie et a amené la femme midyanite devant Mochè, ils ont demandé : « Cette femme est-elle interdite ou permise ? Si tu dis qu’elle est interdite, qui donc t’a permis la fille de Yithro ? » (Sanhèdrin 82a, Beréchith raba 99, 6). Que mon nom ne soit pas mentionné à ce propos ! De fait, la Tora dit de Zimri qu’il était « fils de Salou, chef d’une famille paternelle de la tribu de Chim‘on » (Bamidbar 25, 14), sans ajouter : « fils de Ya‘aqov ».

A leur assemblée Quand Qora‘h, membre de la tribu de Léwi, ameutera toute la communauté contre Mochè et contre Aharon.

Que mon honneur ne se joigne pas Que mon nom ne leur soit pas associé ! (Beréchith raba 98, 5). Aussi est-il écrit : « Qora‘h, fils de Yitshar, fils de Qehath, fils de Léwi » (Bamidbar 16, 1), sans qu’il soit ajouté : « fils de Ya‘aqov ». En revanche lorsqu’il s’agit, dans Divrei haYamim, de justifier la généalogie des fils de Qora‘h pour ce qui est de leur aptitude au service sacerdotal, il est écrit : « fils de Qora‘h, fils de Yitshar, fils de Qehath, fils de Léwi, fils d’Israël » (I Divrei haYamim 6, 22 et 23).

Que mon honneur ne se joigne pas Le mot kavod (« honneur ») est du genre masculin. Il faut donc nécessairement expliquer le verbe « se joigne » (thé‘had) comme étant à la deuxième personne du masculin, et non à la troisième personne du féminin. C’est donc Ya‘aqov qui s’adresse ici à son honneur : « toi, mon honneur, tu ne t’associeras pas à eux ! », comme dans : « tu ne t’associeras pas (lo thé’had) à eux dans la tombe » (Yecha’ya 14, 20).

Car dans leur colère ils ont tué un homme Il s’agit de ‘Hamor et des habitants de Chekhem qui, tous réunis, n’étaient pas plus redoutés que s’ils n’avaient été qu’un seul homme. Il en est de même pour Guid’on (Gédéon) : « tu frapperas les Midyanites comme un seul homme » (Choftim 6, 16), et pour l’Egypte : « coursier [au singulier] et cavalier [au singulier], il les a lancés dans la mer » (Chemoth 15, 1), [comme si toute l’armée égyptienne ne consistait qu’en un seul coursier et un seul cavalier]. Telle est l’explication du midrach (Beréchith raba 99, 6). Quant au sens simple, lorsqu’on a affaire à beaucoup d’hommes, on dit « homme » au singulier, chacun étant pris séparément. Dans leur colère, ils ont tué « chaque homme » contre lequel ils étaient irrités, comme dans : « il a appris à saisir une proie, il a dévoré un homme [équivalent à “des hommes”, selon le contexte] » (Ye‘hezqel 19, 3).

Et dans leur arbitraire ils ont déraciné (‘iqrou) un taureau Ils ont voulu abattre Yossef, qui est appelé chor (« taureau »), ainsi qu’il est écrit : « le premier-né de son taureau (choro), à lui la majesté » (Devarim 33, 17). Le verbe ‘aqor (« déraciner ») se dit en français médiéval : « esjareter » (« couper les jarrets »). Même mot dans : « tu couperas les jarrets (te’aqér) de leurs chevaux » (Yehochou‘a 11, 6).

Maudite soit leur colère, car elle est brutale Même à l’heure des reproches, ce n’est pas eux que maudit Ya‘aqov, mais leur colère (Beréchith raba 99, 6). C’est ce que dira Bil’am : « comment maudirais-je celui que Dieu n’a pas maudit ? » (Bamidbar 23, 8).

Je les séparerai dans Ya’aqov Je les séparerai l’un de l’autre : Léwi ne comptera pas dans le nombre des tribus (Bamidbar 26, 62, Beréchith raba 98, 5), aussi resteront-ils séparés. Autre explication : Ce n’est que dans la tribu de Chim‘on que l’on trouve des pauvres, des copistes et des instituteurs, afin qu’ils restent dispersés (Beréchith raba 99, 6). Quant à la tribu de Léwi, on en a fait des gens qui font la tournée des granges pour recueillir les teroumoth (prélèvements réservés aux kohanim) et les ma‘asseroth (dîmes revenant aux Lévites), leur dispersion se présentant sous une forme plus digne.

Les fils de Jacob usèrent de ruse en répondant à Sichem et à Hamor son père, parce qu'on avait souillé Dina, leur sœur. 14 Ils leur dirent: "Nous ne saurions agir ainsi, donner notre sœur à un homme incirconcis: ce serait un déshonneur pour nous. 15 Toutefois, à ce prix nous serons d'accord avec vous: si vous devenez comme nous, en circoncisant tout mâle d'entre vous. 16 Alors nous vous donnerons nos filles et nous accepterons les vôtres pour nous; nous habiterons avec vous et nous formerons un seul peuple. 17 Que si vous ne nous écoutez pas pour la circoncision, nous prenons notre fille et nous nous retirons." Leurs paroles plurent à Hamor et à Sichem son fils. 19 Et le jeune homme n'hésita point à effectuer la chose, épris qu'il était de la fille de Jacob; d'ailleurs, il était considéré entre tous dans la maison de son père. 20 Hamor alla, avec Sichem son fils, vers la porte de leur ville et ils parlèrent aux habitants de leur ville en ces termes: 21 "Ces hommes sont de bonne foi avec nous; qu'ils résident dans le pays et qu'ils l'exploitent, le pays est assez vaste pour les admettre; nous prendrons leurs filles pour épouses et nous leur accorderons les nôtres. 22 Pourtant, à une condition, ces hommes consentent à demeurer avec nous pour former un même peuple: c'est que tout mâle parmi nous soit circoncis comme ils le sont eux mêmes. 23 Leurs troupeaux, leurs possessions, tout leur bétail, n'est il pas vrai, seront à nous. Accédons seulement à leur désir et ils demeureront avec nous." 24 Tous ceux qui habitaient l'enceinte de la ville écoutèrent Hamor et Sichem son fils; et tout mâle fut circoncis, parmi les citoyens de la ville. 25 Or, le troisième jour, comme ils étaient souffrants, deux des fils de Jacob, Siméon et Lévi, frères de Dina, prirent chacun leur épée, marchèrent sur la ville avec assurance et tuèrent tous les mâles; 26 et Hamor et Sichem son fils, ils les passèrent au fil de l'épée; ils emmenèrent Dina hors de la maison de Sichem et ils ressortirent. 27 Les fils de Jacob vinrent dépouiller les cadavres et pillèrent la ville

2- l’histoire de zimri ben salou

Israël s'établit à Chittîm. Là, le peuple se livra à la débauche avec les filles de Moab. 2 Elles convièrent le peuple à leurs festins idolâtres; et le peuple mangea, et il se prosterna devant leurs dieux. 3 Israël se prostitua à Baal-Peor et le courroux du Seigneur s'alluma contre Israël. 4 Et le Seigneur dit à Moïse: "Prends tous les chefs du peuple et fais-les pendre au nom du Seigneur, à la face du soleil, pour que la colère divine se détourne

Il se prosterna vers leurs dieux Au plus fort de son désir, quand il disait à la fille : « Satisfais-moi ! », elle sortait de son sein une image de Pe‘or et elle lui disait : « Prosterne-toi devant elle ! »

And Moses said unto the judges of Israel, Slay ye every one of his men that were joined unto Baal Peor.23  Thereupon the tribe of Simeon went unto Zimri ben Salu and said unto him, 'Behold, capital punishment is being meted out, yet you sit silent [i.e., inactive].' What did he do? He arose and assembled twenty-four thousand Israelites and went unto Cozbi, and said unto her, 'Surrender thyself unto me.' She replied, 'I am a king's daughter, and thus hath my father instructed me, "Thou shalt yield only to their greatest man"'. 'I too,' he replied, 'am the prince of a tribe; moreover, my tribe is greater than his [Moses], for mine is second in birth, whilst his is third.'24  He then seized her by her coiffure and brought her before Moses. 'Son of Amram,' exclaimed he, 'is this woman forbidden or permitted? And should you say. "She is forbidden", who permitted thee Jethro's daughter'? At that moment Moses forgot the halachah [concerning intimacy with a heathen woman], and all the people burst into tears; hence it is written, and they were weeping before the door of the tabernacle of the congregation.25  And it is also written, And Phineas, the son of Eleazar, the son of Aaron the priest, saw it.26  Now, what did he see? — Rab said: He saw what was happening and remembered the halachah, and said to him, 'O great-uncle! did you not teach us this on thy descent from Mount Sinai: He who cohabits with a heathen woman is punished by zealots?' He replied. 'He who reads the letter, let him be the agent [to carry out its instructions]'

3- l’histoire des élèves de rabi akivah

R. Akiba was a shepherd of Ben Kalba Sabua.64  The latter's daughter. seeing how modest and noble [the shepherd] was, said to him, 'Were I to be betrothed to you. would you go away to [study at] an academy?' 'Yes', he replied. She was then secretly betrothed to him and sent him away. When her father heard [what she had done] he drove her from his house and forbade her by a vow to have any benefit from his estate. [R. Akiba] departed. and spent twelve years at the academy. When he returned home he brought with him twelve thousand disciples. [While in his home town] he heard an old man saying to her, 'How long will you lead the life of a living widowhood?' 'If he would listen to me,' she replied. 'he would spend [in study] another twelve years'. Said [R. Akiba]: 'It is then with her consent that I am acting'. and he departed again and spent another twelve years at the academy. When he finally returned he brought with him twenty-four thousand disciples. His wife heard [of his arrival] and went out to meet him, when her neighbours said to her, 'Borrow some respectable clothes and put them on', but she replied: A righteous man regardeth the life of his beast.1  On approaching him she fell upon her face and kissed his feet. His attendants were about to thrust her aside, when [R. Akiba] cried to them, 'Leave her alone, mine and yours are hers'.2  Her father, on hearing that a great man had come to the town, said, 'I shall go to him; perchance he will invalidate my vow',3  When he came to him [R. Akiba] asked, 'Would you have made your vow if you had known that he was a great man?' '[Had he known]' the other replied. 'even one chapter or even one Single halachah [I would not have made the vow]'. He then said to him, 'I am the man'.4  The other fell upon his face and kissed his feet and also gave him half of his wealth.5

The daughter of R. Akiba acted in a similar way6  towards Ben Azzai. This is indeed an illustration of the proverb:7  'Ewe follows ewe; a daughter's acts are like those of her mother.'

Our Mishnah17  cannot represent the opinion of R. Joshua. For it was taught: R. Joshua said, If a man married in his youth, he should marry again in his old age; if he had children in his youth, he should also have children in his old age; for it said, In the morning18  sow thy seed and in the evening19  withhold not thine hand; for thou knowest not which shall prosper, whether this or that, or whether they shall both be alike good.20  R. Akiba said: If a man studied Torah in his youth, he should also study it in his old age; if he had disciples in his youth, he should also have disciples in his old age. For it is said, In the morning sow thy seed etc.20

It was said that R. Akiba had twelve thousand pairs of disciples, from Gabbatha21  to Antipatris;22  and all of them died at the same time because they did not treat each other with respect. The world remained desolate23  until R. Akiba came to our Masters in the South and taught the Torah to them. These were R. Meir, R. Judah, R. Jose, R. Simeon and R. Eleazar b. Shammua; and it was they who revived the Torah at that time. A Tanna taught: All of them24  died between Passover and Pentecost. R. Hama b. Abba or, it might be said, R. Hiyya b. Abin said: All of them died a cruel death. What was it? — R. Nahman replied: Croup.25

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