1. Introduction: la vie d'une femme comme évolution du rapport au corps.
Le verset dit et Sarah vécu 100 ans 20 ans et 7ans. Pourquoi le verset divise-t-il la vie de Sarah de cette manière?
Rachi citant le midrash dit à 100 ans elle était comme à 20 ans pour les fautes, de la même manière que quelqu'un est innocent à 20 ans elle l'était à 100. Et à 20 ans elle était comme à 7 ans pour la beauté.
Les deux questions évidentes sur le midrash sont: à 20 ans ont déconne beaucoup plus qu'à 100, et on est sûrement plus innocent à 7 ans qu'à 20 ! Deuxièmement à part pour les pédophiles tout le monde s'accorde à trouver une femme plus belle à 20 ans qu'à 7 ans !
Mais il y a aussi une troisième question: il semblerait que la torah selon ce midrash veut nous dire par allusion ce que avraham aurait dit à l'enterrement de Sarah "le hesped"; or je n'ai jamais entendu quelqu'un dire d'une femme (morte à 127 ans) à son enterrement "ah! Comme elle était belle à 20 ans!".
L’explication du midrash a mon avis est la suivante. Rashi dit aussi que ce n'est qu’à partir de 20 ans que le tribunal céleste puni ; et qu'il considère l'homme responsable de ses actions pourquoi? Nous savons pourtant que la halacha considère l'homme adulte et responsable à partir de 12 ou 13 ans?
La réponse est qu'il y a une différence entre la justice céleste et la justice humaine. La justice humaine juge l'action, le tribunal céleste juge les conséquences éternelles de l'action. L'homme est effectivement responsable depuis sa bar mitswah, car à cet âge il a le "daat", l'esprit, cependant, la faute n’a pas souillé son âme de manière forte et irrémédiable; car l'esprit et le corps sont encore étranger l'un à l'autre, la faute du corps ne souille pas l'esprit, il ne relève donc que d'une punition humaine sur l'action mais pas sur la conséquence.
Par contre après 20 ans si il ne fait pas techouvah la faute souille de manière irrémédiable, car l’esprit et le corps sont définitivement lies. C'est pour cela que Rashi dit ici que Sarah n’était pas souillée par ses fautes et que son âme était pure comme à l'âge de 20 ans cela ne veut pas dire qu'elle n'avait pas fauté, seulement que les fautes ne l'avaient pas touchée en profondeur.
Or on pourrait penser que l'innocence de Sarah à 100 ans venait d'une immaturité ; qu'elle n'avait jamais assumé son corps, et qu'elle était restée adolescente toute se vie; c'est pour cela que le midrash continue en disant qu'à 20 ans elle était comme à 7 ans pour la beauté.
Il faut remarquer que le midrash ne dit pas qu’à 20 ans elle était aussi belle qu’a 7 ans, mais il dit qu'elle avait la même beauté, lyofi.
Qu'est ce que la beauté pour le midrash et le talmud ?
La gemarah dans Baba Batra dit que celui qui supporte les visions affreuses et horribles a un bel esprit "dato yafa", il est constamment heureux, il est comparé à un homme dépensier, et à quelqu'un marié à une bonne femme, il est opposé au "istenis" l'allergique hygiéniste toujours malheureux comme le radin angoissé et celui qui a une mauvaise femme.
Qu'elle rapport entre la beauté et le fait de supporte l'horreur ou d'être dépensier?
Le dépensier est heureux par ce qu'il a confiance, il ne se sent pas dépendant de l'argent, ou d'autre chose, or pour avoir un jugement esthétique il faut avoir du recul face à la chose que l'on juge, quelque chose de nécessaire ne peut être jugé beau, il faut que la chose soit inutile, pour juger quelque chose comme beau il faut soi même ne manquer de rien; pour apprécier l'aspect inutile de la chose; ainsi pour le talmud celui qui a un bel esprit c'est à dire qui peut sentir le beau ne doit pas lui être dépendant au contraire il faut qu'il soit capable de supporter l'horreur.
L'enfant, à 7 ans, est éveillé à la magie du monde et à sa beauté, selon les psychologues c'est l'âge ou l'homme est le plus éveillé au monde, c'est justement par ce qu'il est le plus insouciant, il se sent moins dépendant des parents, et il n'a pas peur du futur.
C'est ce que le midrash dit que Sarah à 20 ans avait une conscience esthétique du monde comme à 7 ans, elle ne fuyait pas son corps, et sa pureté ne venait pas d'une immaturité
2. Pour la torah y a-t-il un amour heureux?
Si Sarah était tellement pure pourquoi est elle morte?
C'est par ce qu'elle a accusé Avraham (à tort) en invoquant le jugement céleste. Elle est donc punie la première, il est amusant de constater que Sarah en quelque sorte est morte à cause de son mari.
On retrouve ce fait dans la Paracha de la semaine prochaine ou Rachel meurt à cause de la malédiction de son mari; qui avait condamné a mort celui qui avait volé les statues de son beau père Lavan, or il se trouvait que c’était Rachel qui les avait volées.
Parmi les patriarches et les matriarches le seul couple qui n'a pas une fin tragique c'est celui de Isaac et Rebecca. Il est intéressant de noter aussi que Isaac est le seule patriarche monogame, d'autre part c'est le seule couple ou le mari ne parle jamais à sa femme; Isaac ne dit rien; c'est quelqu'un d'autre qui lui apporte sa femme qu'il n'a même pas choisi, il n'y a que Rebecca qui lui dit une phrase plusieurs années plus tard, demandant à son mari que Jacob son fils se marie avec une fille de sa famille; la réponse de Isaac n'est même pas rapportée; si il y en a eu une.
Le message à première vu parait très négatif; si l'on aime soit on se tue, soit on étouffe l'autre; et la seule relation heureuse n'en n'est peut être pas une.
Pourtant il est intéressant que Rachel s'expose au suicide en voulant donner les bénédictions à Jacob son fils "alai killelatecha beni", "que la malédiction de ton père retombe sur moi" si il se découvre trompé; or Isaac se découvre trompé et malgré tout après avoir eu peur il bénit son fils il ne le maudit pas; il ne maudit pas non plus sa femme pourquoi? Mais surtout pourquoi a-t-il eu peur?
Une autre question pourquoi Rebecca utilise-t-elle la ruse pour faire bénir Jacob? Alors que les prophètes lui avaient dit que c'est Jacob qui allait recevoir les bénédictions si elle l'avait dit à Isaac c'est sur qu'il aurait écouté!
Le midrash dit que la peur et le traumatisme qu'Isaac a éprouvé à ce moment était plus grand que la peur qu'il a éprouvé lorsque attaché sur un autel son père voulait lui couper la carotide. Et le midrash continue que la peur de sa femme était plus grande que la peur d'hashem. Il s'est dit qui a pu devenir un intermédiaire entre moi et D?
La femme peut être l'intermédiaire entre D et l'homme "sirsour" alors que Isaac était l'homme le plus proche de D qu'il était possible de trouver.
Or ici on trouve qu'il faut un "dealer" entre l'homme D, comme si Rebecca connaissait mieux la volonté de Isaac que Isaac lui même; Isaac n’était pas conscient d'avoir une volonté, qui n'est pas celle de D il veut suivre l'ordre naturel des naissances, mais en fait c'est par Rebecca qu'il découvre sa volonté et qu'il dit "qu'il soit bénit", c'est plus dur de prendre conscience de sa propre volonté que de prendre conscience de d'. C'est pour que Isaac se rende compte de sa propre volonté qu'elle a utilisé la ruse, et non pas le dialogue.
C'est à mon avis l'exemple d'une relation réussie, mais elle nécessite une honnêteté de la part de la femme dans l'intuition qu'elle a; ainsi qu'une honnêteté de la part du mari de reconnaître son aveuglement face à lui-même.
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