Dans ce cours nous expliquons comment il est possible d'utiliser l'animosité que l'on éprouve envers quelqu'un, ou envers un groupe, comme un moyen de grandir spirituellement. Souvent lorsque l'on est jaloux d'un autre, c'est par ce que l'on est conscient d'avoir un potentiel que l'on ne peut pas exploiter par ce qu'on ne sait pas le définir. Dans la confrontation avec l'autre, l'homme peut apprendre à définir ce potentiel et à l'exploiter...
1- le midrash trouve une allusion à l’épisode de Korah dans un passage du deutéronome (chapitre 14). Les versets disent « "Vous êtes les enfants de l'Éternel, votre Dieu: ne vous tailladez point le corps, ne vous rasez pas entre les yeux, en l'honneur d'un mort. 2 Car tu es un peuple consacré à l'Éternel, ton Dieu, et c'est toi qu'il a choisi, l'Éternel, pour lui être un peuple spécial entre tous les peuples répandus sur la terre. »
Le midrash interprète l’interdit de se taillader comme une interdiction de créer des factions à l’intérieur du judaïsme. En hébreux le mot se taillader se dit « lehitgoded » et il ressemble au mot « agoudah » qui veut dire faire des groupes. (cf. talmud Yevamoth 14).
Ensuite, le midrash continue en rappelant que le terme « se raser les cheveux » ou « s’arracher une tonsure », est aussi un sens possible du prénom de « Korah ». Ainsi, le midrash interprète les versets du deutéronome « ne faite pas des factions comme Korah, et si vous le faites vous aller créer une tonsure, c'est-à-dire causer la destruction d’une partie du peuple juif comme l’a fait Korah. (Yalqout Shimoni ad hoc, Tanhouma). Ce midrash parait étonnant, quel rapport peut il exister entre le fait de se taillader ou de faire une tonsure et la révolte de Korah ?
2- le midrash dit ailleurs (chochar tov Tehilim 1) que Korah a cherché à convaincre le peule d’Israël par le discours suivant : Korah dit «je vais vous raconter une histoire que j’ai vu. Une veuve habitait à coté de chez moi, elle n’avait qu’un champ et un âne et un bœuf. Lorsqu’elle a voulu labourer son champs en attelant l’âne et le bœuf a la charrue, Moshé est venu et il a dit «tu n’as pas le droit de labourer avec un âne et un bœuf ensemble ! ». Lorsqu’elle a voulu semer son champs, Moshé et venu et il lui a interdit de mélanger les espèces de grain qu’elle voulait planter. Ensuite lorsqu’elle a voulu récolter, Moshé l’a obligée à laisser un coin pour les pauvre, (et le leketh et la chichah), ensuite lorsqu’elle a engrangé le blé, Moshé l’a obligé à donner la terouma et la terouma du maasser à Aharon. Comme elle voyait qu’avec tout ses prélèvements cela ne valait pas le coup pour elle de labourer son champs, elle l’a vendu et elle a acheté avec l’argent deux agneaux. Lorsqu’ils ont eu des enfants, Moshé a dit « donne le premier né à Aharon », « donne la première tonte à Aharon ». Elle en a eu assez et elle a dit « que ces deux agneaux soient pour moi un « herem », pour ne plus en tirer profit. A ce moment la, Moshé a dit « alors ils me reviennent! » et la veuve est resté à pleurer sans rien ! ».
Korah ne mettait pas en doute les dix commandements que tous les juifs avaient reçus au Sinaï, c’est le reste des commandements qu’il trouvait absurde. Korah ne remettait pas en cause l’existence de D, le devoir d’être juste et bon. Mais il pensait que les autres mitsvoth étaient absurdes, qu’elles étaient un fond de commerce pour enrichir les rabbins et les kohanim.
Pourquoi une famille qui possède à peine de quoi se nourrir doit se sacrifier pour acheter des produits cacher qui coutent trois fois leurs prix, alors que les rabbin qui s’occupent de la cacherout vivent dans des villas luxueuses ? Pourquoi devrait-on se saigner pour mettre ses enfants à l’école juive, alors que leur niveau vaut à peine celui des écoles publiques ? Quel sens a toute cette tradition pseudo religieuse ? Voila le discours de Korah.
Les arguments de Korah sont d’autant plus percutant lorsque l’on a en tête les paroles du Midrash Raba (Beréchith 44-1) «rav dit : « pour D cela ne fait aucune différence si l’animal a été tué par la nuque ou par la trachée, toutes le mitsvoth n’ont été données que pour l’intérêt de l’homme ». Si D dit lui-même haut et fort qu’il n’en n’a rien à faire des mitsvoth, alors pourquoi doit-on s’emmerder a les faire ? Si pour D cela ne fait aucune différence si on mange cacher ou pas, si on se marie avec une juive ou une goyah, alors pourquoi devrait on sacrifier sa vie pour observer d’une manière intransigeante des commandements insensés ? Pourquoi se taillader et s’infliger des blessures sans aucune raison ? En quoi ces commandements si contraignants peuvent ils avoir un intérêt pour l’homme s’ils n’ont aucun intérêt pour D ?
3- La réponse à la question de Korah est inscrite dans l’histoire même de Korah. Korah cherchait l’intérêt de l’homme et de la société, mais qu’a-t-il fait? Staline, Hitler et tous les dictateurs disaient chercher l’intérêt de la collectivité, pourtant, ils ne génèrent que violence et destruction, pourquoi ?
Le fait est que la violence et le sado masochisme ne sont pas des maladies mentales, elles sont au contraire une partie inhérente de la nature humaine. L’homme ne peut pas éradiquer la violence qui l’habite, il ne peut que la canaliser dans un but constructif.
Il y a deux remarques à faire sur la violence, ces deux remarques sont liées. Premièrement la violence est toujours sado masochiste, deuxièmement la violence est toujours absurde.
Lorsqu’un pays déclare la guerre a un autre, il sait que cela ne vaudra pas le coup. Même si le pays en question gagne la guerre, il sait que la rançon de la victoire ne vaudra pas les pertes en vie humaine et en souffrance que la guerre coutera. Quand un pays s’engage dans une guerre il veut faire souffrir l’autre, mais il veut avant tout souffrir lui-même.
C’est pour cette raison qu’au regard de l’histoire les guerres paraissent toujours absurdes. On ne sait pas vraiment pourquoi les anglais et les français se sont fait la guerre pendant plus de 100 ans, ni pourquoi les américains sont parti au Vietnam ou en Irak.
Ce qui est vrai de la violence politique vaut aussi pour la violence domestique, lorsqu’un conjoint décide de se battre contre un autre, il veut le faire souffrir, mais il cherche avant tout à souffrir lui-même. L’animosité est naturelle à l’homme, car il aime se taillader lui-même. Les attentats suicide ne sont pas des formes marginales de violence, ils définissent l’essence même de la violence. Dans beaucoup de cas, un divorce c’est un attentat suicide.
La violence est absurde, car si elle a un sens raisonnable elle n’est plus perçue par l’homme comme étant de la violence, mais comme étant un devoir. Sartre a vu sans comprendre qu’il y a un lien inhérent entre la violence et l’absurde. Lorsque les protagonistes de ses romans ne savent plus pourquoi ils vivent, ils se mettent à tuer à tous vents, sans comprendre pourquoi. L’homme ne cherche pas à trouver un sens à sa vie par la violence, il assume l’absurdité de la condition humaine. L’homme exulte lorsqu’il se taillade ou lorsqu’il blesse l’autre, par ce que dans ce moment de souffrance il se sent en phase avec l’absurdité inhérente à la vie.
4- Contrairement à ce que pense Korah et les hommes politiques humaniste contemporain, l’homme ne peut pas éradiquer l’absurdité ou la violence de lui-même. Si il cherche uniquement l’intérêt de l’humanité, il finira tôt au tard par générer une destruction massive.
La religion permet de sublimer la violence. Lorsqu’une famille au budget séré décide de manger cacher, elle se taillade gratuitement, lorsqu’un jeune juif décide de ne pas avoir de rapport avec des femmes non juives, il s’inflige une blessure insensée. Pourtant dans un deuxième temps lorsque l’homme décide par ces sacrifices de faire un don à D, ou de le glorifier dans ce monde, cet acte sacrificiel prend sens. Par la religion l’homme arrive à transformer l’absurdité de la violence en une action sensée, en un hymne à l’harmonie de l’univers.
L’homme ne peut pas échapper à la violence et au sado masochisme, il ne peut qu’orienter ces pulsions d’une manière constructives à travers l’acte religieux. Par le sacrifice religieux l’homme transforme la haine de lui-même en amour de lui-même et de l’univers. L’homme a besoin de suivre une loi religieuse intransigeante pour évacuer la violence et ne plus être nocif à lui-même et aux autres.
5- La rav Baruch Hager de Vizinitz (1845-1892) rapporte le midrash Shohar Tov que nous avons cité au début du texte et il le questionne de la manière suivante. Nous savons que Korah était très riche, on dit qu’il avait trois cents chameaux pour porter les clefs de ses trésors, si il était tellement préoccupé par le sort des pauvres il aurait pu les aider financièrement au lieu d’organiser une rébellion contre Moshé.
On pourrait répondre que Korah était comme les hommes politiques d’aujourd’hui, un populiste qui cherchait le pouvoir par tous les moyens et qu’il n’était pas vraiment préoccupé par le sort des pauvres.
Mais le rav Hager explique qu’il est possible que Korah ait été honnête lorsqu’il faisait son discours, il cherchait le bien commun, mais il ne comprenait pas comment le faire advenir. Le rav de Vizinitz explique que souvent l’homme a une richesse énorme à l’intérieur de lui-même, avec cette richesse, il pourrait accomplir beaucoup, mais bizarrement, l’homme choisit de ne pas exploiter son potentiel et il pense faire le bien par des moyens qu’il ne possède pas. Korah, aurait pu accomplir le « mieux être social » auquel il rêvait grâce à sa richesse, mais il n’y a pas pensé, il a voulu être un guide politique, alors qu’il n’était pas fait pour cela.
Il reste à comprendre pourquoi l’homme cherche un chemin compliqué, voir impossible, alors qu’il a devant lui un chemin facile et tout tracé ? Souvent dans les relations amoureuses on s’engage dans des relations calamiteuses alors que d’autres relations beaucoup plus faciles et plus évidente s’offrent a nous, pourquoi l’homme cherche-t-il la difficulté ?
6- Là encore, le verset du deutéronome est éclairant « Vous êtes les enfants de l'Éternel, votre Dieu: ne vous tailladez point le corps ». L’homme cherche la difficulté des situations impossibles par ce qu’il aime souffrir. L’homme à besoin d’exulter dans un acte violence pour calmer sa pulsion masochiste, c’est pour cela qu’il s’engage dans une activité professionnelle éreintante, ou dans une relation sentimentale destructrice.
La pratique des mitsvoth qui paraissent absurdes et catégoriques permet de canaliser cette violence et cette haine de soi, dans un acte gratuit que l’on transforme par la suite comme un acte d’amour pour D et pour l’univers. Celui qui s’impose la discipline de la torah a de grande chance d’avoir une vie sentimentale et professionnelle heureuse, justement par ce qu’il n’aura plus envie de se taillader par des actes auto destructeurs dans son travail ou dans ses relations. La plus part des problèmes qui pourrissent la vie des hommes sont des problèmes qu’ils se causent eux même.
7- Le rav Hager explique que lorsque l’homme veut justifier une action sociale, il ne doit pas se demander « comment la société pourrait elle être plus juste ou plus heureuse ? » cette justification était celle de Korah, de Staline et d’Hitler et elle les entraine à faire le mal. L’homme doit se demander « comment puis-je exploiter le potentiel qu’il y a en moi ? » c’est en se posant cette question que l’on arrive à avoir un impacte positif sur le monde. Korah aurait du se dire « je suis un milliardaire, je peux aider les pauvres avec mon argent ».
8- Lorsque l’on est jaloux ou que l’on éprouve de l’animosité envers un groupe ou envers quelqu’un c’est souvent par ce que l’on sent en soi même un potentiel que l’on n’arrive pas à définir ou a exploiter. On sent que l’on est en train de rater quelque chose d’important, et comme on ne sait pas ce que c’est, on exprime ce sentiment comme une jalousie ou une haine de l’autre. On peut chercher à utiliser cette haine pour mieux se comprendre soi même, ou bien, au contraire, on peut s’enfermer dans le mensonge de la jalousie.
Le rav Ovadia de Bartenora explique qu’une dispute «faite au nom de D » c’est une dispute qui nous permet de nous définir nous même. La Mishna donne comme exemple à ce type de dispute la dispute de Hillel et Chamai. Lorsque Beth Hillel et Beth Chamai discutaient ensemble, avant d’avoir discuté ils n’étaient pas sures eux même de la vérité qu’ils voulaient exprimer, ils avaient simplement une intuition flou concernant la pensé de leur adversaire, ils n’aimaient pas ce que l’autre disait.
Puis, en discutant, chacun des deux protagonistes comprenaient de mieux en mieux ce qu’ils voulaient lui-même dire. C’est en s’opposant qu’ils arrivaient a ce comprendre eux-mêmes. (Un peu comme à la yeshivah des étudiants de Strasbourg). C’est pour cette raison que le talmud mentionne toujours les deux avis, par ce que l’on ne peut pas comprendre l’opinion de Beth Hillel si on ne connait pas l’opinion de Beth Chamai, vu que l’opinion de Beth Hillel s’est formée en fonction de celle de Chamai et vice versa. C’est pour cela que les deux opinions restent toujours actuelles.
Par contre Korah, n’a pas utilisé l’animosité qu’il avait envers Moshé et sa politique pour effectuer une recherche intérieure, une recherche qui lui aurait permis de comprendre ou été sa vraie richesse et la grandeur de son potentiel. C’est pour cela qu’il a été avalé par la terre et qu’il ne reste rien de lui. Selon le Bartenora c’est le sens de la distinction que la Mishna de Pirkei Avoth fait entre la dispute de Korah et celle de Hillel et Chamai.
9- La Mishna dans Sanhédrin (109) dit que Korah est sorti de la faille ou il était enterré vivant grâce à la prière de Hannah. En effet, Hannah était elle-même une descendante de Korah, lorsqu’elle prie pour remercier D de lui avoir donne un fils, Samuel, elle dit « Ceux qui vivaient dans l'abondance se font mercenaires, et qui souffrait de la faim en est délivré; tandis que la femme stérile enfante sept fois, la mère féconde est humiliée. 6 L'Eternel fait mourir et fait vivre; il précipite au tombeau, et en retire. » Le talmud explique que lorsque Hannah a dit « il précipite au tombeau et en retire » Korah est sorti de la faille ou il était enterré vivant. On peut interpréter ce passage du talmud de la manière suivante. Hannah était jalouse de l’autre femme de son mari Penina, car Penina avait 7 enfants alors que Hannah était stérile. Mais elle a utilisé cette jalousie pour monter spirituellement à travers la prière, elle a découvert le potentiel qu’elle avait en elle-même grâce à la jalousie. Grace à la jalousie, Hannah a réussit à donner naissance à Samuel, le prophète qui va oindre le messie. Elle a donc réparé la faute de son aïeul.
Les documents
Deuteronome 14
"Vous êtes les enfants de l'Éternel, votre Dieu: ne vous tailladez point le corps, ne vous rasez pas entre les yeux, en l'honneur d'un mort. 2 Car tu es un peuple consacré à l'Éternel, ton Dieu, et c'est toi qu'il a choisi, l'Éternel, pour lui être un peuple spécial entre tous les peuples répandus sur la terre. »
Rashi
Vous ne vous tailladerez pas Vous ne pratiquerez pas dans votre chair des incisions et des entailles pour un mort, de la manière pratiquée par les Emoris. Car vous êtes les fils de Hachem, et vous devez être beaux, et non entaillés et tondus.
Talmud yebamoth
We learned elsewhere: The Scroll of Esther52 is read on the eleventh, the twelfth, the thirteenth, the fourteenth or the fifteenth [of Adar].53 but not earlier54 or later.55 Said Resh Lakish to R. Johanan: Apply here the text of Lo tithgodedu,56 you shall not form separate sects!57 (Is not Lo tithgodedu required for its own context, the All Merciful having said, 'You shall not inflict upon yourselves any bruise for the dead'?58 — If so, Scripture should have said, Lo tithgodedu,59 why did it say 'Lo tithgodedu'?60 hence it must be inferred that its object was this.61 Might it not then be suggested that the entire text refers to this only?62 — If so, Scripture should have said, Lo thagodu;63 why did it say 'Lo tithgodedu'? Hence the two deductions.)64 …. The fact, however, is, said Raba, that the warning against opposing sects is only applicable to such a case as that of one court of law in the same town, half of which rule in accordance with the views of Beth Shammai while the other half rule in accordance with the views of Beth Hillel. In the case, however, of two courts of law in the same town [the difference in practice] does not matter.
Talmud shabath 130
R. ELIEZER SAID FURTHER [etc.]. Our Rabbis taught: In R. Eliezer's locality they used to cut timber to make charcoal for making iron on the Sabbath. In the locality of R. Jose the Galilean they used to eat flesh of fowl with milk. Levi visited the home of Joseph the fowler [and] was offered the head of a peacock in milk, [which] he did not eat. When he came before Rabbi he asked him, Why did you not place them under the ban?12 It was the locality of R. Judah b. Bathyra, replied he, and I thought, Perhaps he has lectured to them in accordance with R. Jose the Galilean. For we learnt: R. Jose the Galilean said: It is said, Ye shall not eat any nebelah,13 and it is said, Thou shalt not seethe a kid in its mother's milk:14 [this teaches,] that which is forbidden on the score of nebelah may not be seethed in milk. Now since a fowl is prohibited when nebelah, you might think that one must not seethe it in milk; therefore it is stated, 'in its mother's milk', hence a fowl is excluded, since it has no mother's milk.
R. Isaac said: There was one town in Palestine where they followed R. Eliezer,15 and they died there at the [proper] time,16 Moreover, the wicked State17 once promulgated a decree against Israel concerning circumcision,18 yet did not decree [it] against that town.
Berahot 63
The word 'hasket' implies: Make yourselves into groups [kittoth] to study the Torah, since the knowledge of the Torah can be acquired only in association with others.
Hagigua 3 b
‘The masters of assemblies’: these are the disciples of the wise, who sit in manifold assemblies and occupy themselves with the Torah, some pronouncing unclean and others pronouncing clean, some prohibiting and others permitting, some disqualifying7 and others declaring fit. Should a man say: How in these circumstances shall I learn Torah?8 Therefore the text says: ‘All of them are given from one Shepherd’. One God gave them; one leader10 uttered them from the mouth of the Lord of all creation, blessed be He; for it is written: ‘And God spoke all these words’.
Baba metsian 59
On that day R. Eliezer brought forward every imaginable argument ,3 but they did not accept them. Said he to them: ‘If the halachah agrees with me, let this carob-tree prove it!’ Thereupon thecarob-tree was torn a hundred cubits out of its place — others affirm, four hundred cubits. ‘No proof can be brought from a carob-tree,’ they retorted. Again he said to them: ‘If the halachah agrees with me, let the stream of water prove it!’ Whereupon the stream of water flowed backwards — ‘No proof can be brought from a stream of water,’ they rejoined. Again he urged: ‘If the halachah agrees with me, let the walls of the schoolhouse prove it,’ whereupon the walls inclined to fall. But R. Joshua rebuked them, saying: ‘When scholars are engaged in a halachic dispute, what have ye to interfere?’ Hence they did not fall, in honour of R. Joshua, nor did they resume the upright, in honour of R. Eliezer; and they are still standing thus inclined. Again he said to them: ‘If the halachah agrees withme, let it be proved from Heaven!’ Whereupon a Heavenly Voice cried out: ‘Why do ye dispute with R. Eliezer, seeing that in all matters the halachah agrees with him!’ But R. Joshua arose and exclaimed: ‘It is not in heaven.’4 What did he mean by this? — Said R. Jeremiah: That the Torah hadalready been given at Mount Sinai; we pay no attention to a Heavenly Voice, because Thou hast long since written in the Torah at Mount Sinai, After the majority must one incline.5 R. Nathan met Elijah6 and asked him: What did the Holy One, Blessed be He, do in that hour? — He laughed [with joy], he replied, saying, ‘My sons have defeated Me, My sons have defeated Me.’It was said: On that day all objects which R. Eliezer had declared clean were brought and burnt infire.7 Then they took a vote and excommunicated him.
Rashi nombre 16 7
Assez pour vous, fils de Léwi Je vous ai dit une chose importante. Se peut-il qu’ils aient été assez insensés pour oser faire une offrande après avoir été ainsi avertis ? En fait, c’est envers eux-mêmes qu’ils ont péché, comme il est écrit : « Les encensoirs de ces pécheurs-là avec leurs âmes… » (infra 17, 3). Et Qora‘h, qui était pourtant perspicace, quelle raison l’a-t-elle poussé à cette stupidité ? C’est sa vision [de l’avenir] qui l’a induit en erreur : Il a vu dans sa descendance une noble lignée, dont Chemouel, présenté comme valant à lui seul Mochè et Aharon réunis (voir Tehilim 99, 6 et Berakhoth 31b), et par le mérite de qui il s’est dit qu’il allait être sauvé. Il a vu aussi les vingt-quatre équipes de garde descendues de ses petits-fils, toutes prophétisant sous l’inspiration de l’esprit saint, comme il est écrit : « Tous ceux-là étaient fils de Héman, le voyant du roi dans les paroles de Eloqim… » (I Divrei Hayamim 25, 5). Il s’est alors dit : « Se peut-il que toute cette grandeur descende un jour de moi, et que je me taise ? » Voilà pourquoi il a commis la folie de comploter pour obtenir cette dignité. Car il avait entendu dire à Mochè que tous allaient périr, mais qu’un seul allait être sauvé : « L’homme que choisira Hachem, lui sera le saint ». Il s’est imaginé à tort que c’est à lui que cela s’appliquait, ce en quoi il n’a pas vu juste puisque ce sont ses enfants qui se sont repentis. Mais Mochè, lui, avait vu clair (Midrach Tan‘houma).
Guemrah Sanhedrin 68
When R. Eliezer fell sick, R. Akiba and his companions went to visit him. He was seated in his canopied four-poster, whilst they sat in his salon.1 That day was Sabbath eve, and his son Hyrcanus went in to him to remove his phylacteries.2 But his father rebuked him, and he retreated crestfallen. 'It seems to me,' said he to them, 'that my father's mind is deranged'.3 But R. Akiba said to them, 'his mind is clear, but his mother's [sc. of Hyrcanus] is deranged:4 how can one neglect a prohibition which is punished by death, and turn his attention to something which is merely forbidden as a shebuth?'5 The Sages, seeing that his mind was clear, entered his chamber and sat down at a distance of four cubits.6 'Why have ye come?' said he to them. 'To study the Torah', they replied; 'And why did ye not come before now', he asked? They answered, 'We had no time'. He then said, 'I will be surprised if these die a natural death'. R. Akiba asked him, 'And what will my death be?' and he answered, 'Yours will be more cruel than theirs'. He then put his two arms over his heart, and bewailed them, saying, 'Woe to you, two arms of mine, that have been like two Scrolls of the Law that are wrapped up.7 Much Torah have I studied, and much have I taught.8 Much Torah have I learnt, yet have I but skimmed from the knowledge of my teachers as much as a dog lapping from the sea. Much Torah have I taught, yet my disciples have only drawn from me as much as a painting stick from its tube. Moreover, I have studied three hundred laws on the subject of a deep bright spot,9 yet no man has ever asked me about them. Moreover, I have studied three hundred, (or, as others state, three thousand laws) about the planting of cucumbers [by magic] and no man, excepting Akiba b. Joseph, ever questioned me thereon. For it once happened that he and I were walking together on a road, when he said to me, "My master, teach me about the planting of cucumbers". I made one statement, and the whole field [about us] was filled with cucumbers. Then he said, "Master, you have taught me how to plant them, now teach me how to pluck them up". I said something and all the cucumbers gathered in one place'. His visitors then asked him, 'What is the law of a ball, a shoemaker's last, an amulet, a leather bag containing pearls, and a small weight?'10 He replied, 'They can become unclean, and if unclean, they are restored to their uncleanliness just as they are.'11 Then they asked him, 'What of a shoe that is on the last?'12 He replied, 'It is clean;' and in pronouncing this word his soul departed. Then R. Joshua arose and exclaimed, 'The vow is annulled, the vow is annulled!'13 On the conclusion of the Sabbath R. Akiba met his bier being carried from Caesarea to Lydda. [In his grief] he beat his flesh until the blood flowed down upon the earth — Then R. Akiba commenced his funeral address, the mourners being lined up about the coffin, and said: 'My father, my father, the chariot of Israel and the horsemen thereof;14 I have many coins, but no money changer to accept them.”
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