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Writer's pictureRav Uriel Aviges

L'etude de la torah

Sur le sens de la vie, des mitsvot et de l'étude de la torah

1- cela faisait plusieurs mois que je rêvassais en faisant semblant de réfléchir, lorsque, la semaine dernière un e-mail a attire mon intention, et m'a  peut être même réveillé de mon coma végétatif habituel, je vous le lis a haute voix, le voici: "Je sais que le cours de pensée juive te demande beaucoup de préparation, et je peux comprendre le fait de vouloir laisser la main de temps en temps en temps a un guest speaker. Mais il devrait y avoir une condition : que l'intervenant fasse un vrai cours de torah. Hier on a eu le droit a une vidéo d'un homme qui a eu une expérience paranormale  (il est mort cliniquement puis a revécu pour venir nous dire qu'il fallait étudier la torah) et on nous a enseigne que l'étude de la torah c'est ce qui a de plus important, le hessed c'est du niveau des goys et des chiens. Au final 1/ j'ai perdu mon temps 2/ je n’ai pas eu ma soirée d'étude."

(je rajoute ici  que l'avis de l'auteur du mail et sa compréhension du cours n'était pas l'avis général, d'autres personnes qui ont assiste au cours ont beaucoup apprécié la conférence du rav, et n'ont pas compris message du rav conférencier  comme étant un dénigrement des mitsvot ou des goyim, cependant je publie la réaction de l'auteur du mail, car je pense qu'il est sain en général de ne pas accepter bigotement ce qu'un rav dit, et qu'une des règles de l'étude de la torah c'est savoir critiquer, on raconte a ce sujet une histoire d'un élève qui va étudier a brisk, la première chose que l'on apprend dans cette yeshivah c'est que 80 % de la compréhension c'est de savoir pourquoi l'autre a tord, avoir son propre avis ce n'est que 20 % de la compréhension, après plusieurs années d'étude l'élève sort de la yeshivah et le maitre lui demande, qu'est ce qu'il a retenu de toutes ces années passes a la yeshivah, et l'élève répond "j'ai retenu les 80 %")

2- cette lettre très intéressante renvoie a  plusieurs problèmes fondamentaux. Le premier, est la thèse fondamentale du conférencier qui veut que l'étude de la  torah soit un but en soi, pour lui, l'étude n'est pas liée à l'accomplissement des préceptes de la torah. Ainsi, pour le judaïsme il faut étudier la torah uniquement dans le but d'étudier, même si cette étude ne va rien changer dans le  comportement de l'homme et n'a aucune implication morale. Il semble même que la  définition même de la mitswah d'étudier la torah soit liée a son inutilité. Le  rav yehudah Ayache prouve (dans ses responsas) du fait que des sages disent que  l'on peut enseigner une "halacha"( une loi déjà fixée), avant de faire la bénédiction de la torah, que le fait d'apprendre des lois déjà  déterminées n'est pas considéré, a proprement parler, comme  de l'étude de la torah. Le rav Ayache dit que l'étude de la torah c'est apprendre le raisonnement qui base la loi dans le texte de la torah ou la logique.  Il semble donc, comme le défendait le conférencier, qu'essentiellement l'étude de la torah n'est pas axée sur l'action ou  la définition d'une conduite morale.  L'étude de la torah n'a pas pour but  la distinction entre le bien et le mal. (on pourrait multiplier  les preuves de ce genre, bien que le talmud, a la fin du premier chapitre de baba Kama, dit "que l'étude est plus importante que l'action par ce que l'étude amène a l'action alors que l'action n'ammenne pas a l'étude", il semblerait que le fait que l'étude ammenne a l'action ne soit qu'une propriété secondaire de l'étude mais pas sa première vocation). Il suffit de regarder le livre du rav haim de volozhine qui parle longuement dans la  4ieme partie de" l'étude pour  le but d'étudier", qu'il définit comme le fait d'"ajouter de la compréhension et de la complexité dans le but d'ajouter de la compréhension et de la complexite". Pourtant, si dans le talmud et pour les commentateurs de la torah, il semble évident que l'étude est un but en soi, une finalité, cette idée semble étrangère au pentateuque lui même, avraham Isaac Jacob, sont des hommes d'action, même moshe qui reçoit la torah veut que les juifs entrent en Israël juste après avoir reçu la loi dans le but de fonder une nation et cultiver la terre. Le fait de rester à tourner en rond dans le désert pour étudier et recevoir la loi est vu comme une malédiction par la torah.  D'ou est donc venu cette idée, dans le talmud et les exégèses juifs, comme quoi  l'étude est un but en soi?  (cf. Nietzsche dans la généalogie de la morale qui pense que cette idée est une invention tardive qui est motivée par la haine du fort et la haine de soi, has vechalom) Et quel peut être le sens d'une étude qui n'a pas un but extérieure lui même, qui ne cherche même pas à définir une morale? Est ce qu'il faut apprendre à étudier la torah comme on apprend à jouer un air de flute?

3- le deuxième problème fondamental qui est sous jacent de le e-mail est le suivant: reprenons la première phrase de l'auteur "Je sais que le cours de pensée juive te demande beaucoup de préparation, et je peux comprendre le fait de vouloir laisser la main de temps en temps". Je dois d'abord faire une introduction en deux points.

A- pour ceux qui ne le savent pas je suis collelman, ca veut dire que théoriquement je dois passer mon temps à étudier la torah, (pratiquement, comme la plus part d'entre vous je passe la majorité de mon temps a rêvasser).

B- c'est vrai aussi que je me plains constamment du temps passe à préparer mon cours. Ici, un lecteur éveillé devrait voir une contradiction entre l'intro A et l'intro B. En effet, si je n'ai rien d'autre a faire qu'a étudier, alors, pourquoi est ce que je me plains toujours du fait que ca me prend du temps pour préparer le cours?, pourtant je n'ai rien d'autre à faire?! (Ceux qui ont eu cette question par eux même sont arrive au niveau "intermediate" de l'étude du talmud). {La véritable réponse est, que, comme tout le monde j'adore me plaindre  Mais voici la fausse réponse politiquement correcte}  " Si je me plains, c'est que j'ai quelque chose d'autre à faire, je dois étudier la halacha! C’est à dire la partie technique  du talmud et des décisionnaire qui parle de cas improbables excessivement compliques et qui n'arrive jamais" ah! Et, pourquoi l'étude de cette casuistique serait plus importante que l'étude du sens et de la torah et de la pensée juive? C’est une bonne question.  Pourtant, c'est  un point que l'on retrouve partout, l'étude de la casuistique passe avant la réflexion sur le sens. Le pnei yehoshuah, un grand commentateur du talmud, était tombe dans un puis quand il était jeune, et il a fait vœux en disant que si il était sauve, il se consacrerait uniquement a l'étude de la torah, lorsqu'il a fait ce voeux il a spécifie qu'il n'étudiera plus la pensée juive, qui n'est qu'une étude secondaire, de deuxième ordre, et qu'il se consacrerait uniquement a l'étude de la halacha; c'est a dire la casuistique du talmud, et a son arithmétique, dans l'analyse de  la rigueur de sa logique pure. Comment comprendre ce fait? comment est ce possible que l'étude critique par la  déduction logique prime sur le fait de donner un sens a la loi?

4- il y a un passage du talmud excessivement connu en France depuis que Levinas l'a mis a la mode (dans a l'heure des nations) qui dit "même la question qu'un élève empresse va demander a son maitre a été donne a moshe au Sinaï", d’où Levinas déduit, que toute interprétation du texte de la torah,  même quand  sa finalité est d'être dépassée, est une révélation divine, c'est l’idée de la chehinah qui parle a travers l'homme et son visage, son existence même serait une révélation divine qui s'impose a moi. Le point que Levinas n'a pas du tout aborde c'est le rapport entre la logique et l’interprétation du texte et la révélation. Il me parait évident que si l'élève demande  a son maitre "quelle heure est il?" que  l'élève ne se place pas dans la révélation du Sinaï, il semblerait que la question de l'élève doive avoir une logique et un sens, même si cette logique demande a être dépassée, c'est pour cela que le talmud a dit "toute question d'un élève empresse" ce qui veut dire que l'élève cherche la vérité mais qu'il conclue trop vite sans avoir été jusqu'aux conclusions ultimes  du raisonnement. Or, pourquoi est ce que c'est la logique et l'arithmétique de l'interprétation du texte qui placent l'homme dans la révélation? Il est a mon avis impossible comprendre ce passage du talmud comme disant que toutes les interprétations du message de d' se valent , si elles sont dites de bonne foi, comme semblait le penser Levinas, dire cela, reviendrait a dire que la torah n'a pas plus de profondeur ou de sens qu'une chanson de Chantal Goya, puisque tout le monde a raison, c'est comme si, pour Levinas, au pied du mont Sinaï on était accueilli par un moshe déguisé en  mickey qui dirait  "bien venu a Disneyland".

5- une autre question se pose sur le sens de la prière et du rituel religieux en  général. Comment comprendre le fait que nos sages ont institue des textes qu'il faut répéter tout les jours, aux mêmes heures, dans un certain ordre. Pour les sages, en disant ces textes rituels on sert D, en se comparant même aux anges, quelle est le sens de cette comédie?  Cette question peut être étendue à toutes les mitsvot de la torah, quel est le sens de ce code de loi si rigide, et si contraignant? Comment comprendre que tous ces commandements sont considérés comme  la finalité même de la vie, alors qu'ils ne semblent être qu'un simulacre vide de sens? Il y a deux réponses possibles a cette questions les deux me paraissent  faibles.

6- la premiere réponse consiste à dire que les mitsvot de la torah sont des "hukim" des lois sans raisons qu'il faut accepter comme on doit accepter le monde  comme existant en soi. Il est, a mon avis, difficile de voire la torah sous cet angle, par ce que cela implique de voir un D qui ne serait pas bon, has veshalom qui dicte des commandements aux hommes pour s'amuser, par ce qu'il s'ennuie, c'est la vision de Descartes. Nous avions déjà vu que Maimonide, le maharal de Prague, et Nahamnide, ainsi que le livre du hinuch, rejettent cette interprétation, mais bien que ces grands maitres cherchent a trouver un sens au mitsvot qui sont lies au rapport a la nature et a l'autre, ils n'abordent pas du  tout le sens des mitsvot qui ont trait avec le rapport de l'homme a d' lui même . La deuxième explication est plus moderne elle est d'inspiration behaviouriste a la Wittgenstein, c'est la lecture de leibovitch mais aussi de jb soloveitchick, et d'autres penseurs d'origine lituanienne. Ils pensent, pour résumer, qu'en effet les mitsvot rituelles, qui ont rapport à D, sont des simulacres qui ont pour but de placer l'homme "de facto" devant la présence divine. La proximité avec D n'est pas un état qu'il faut rechercher, une transcendance à obtenir, c'est un état dans lequel on se trouve par l'action elle même du rituel. Je trouve cette explication faible par ce que ce qu'elle n'explique rien, on a toujours du mal a savoir si ces penseurs croient en d' ou pas, toutes ces lectures rapprochent beaucoup le judaïsme a la franc- maçonnerie, et a une sorte de culte athée. Alors quel peut être le sens des mitsvot?

7- a mon avis une réponse est possible a partir de la philosophie analytique américaine.

A partir en particulier de la philosophie de mcdowell. Il faut partir de son axiome "l'homme à la différence de l'animal conceptualise avant de pouvoir percevoir". Je vais essayer d'expliquer cet axiome par des exemples. On se rend compte qu'un être humain prend plus de temps à apprendre à marcher qu'un animal, pourquoi? Par ce que l'animal pour percevoir n'a pas besoin de conceptualiser, alors que l'être humain doit d'abord conceptualiser pour pouvoir percevoir. L'homme doit apprendre ce qu'est le rouge, sous forme d'  un concept théorique, pour ensuite le reconnaitre et le percevoir dans la nature, tant que le concept de rouge n'existe pas chez l'homme, la perception du rouge n'existe pas pour lui. Il en va de même pour le chaud et le froid, ceux  qui, comme moi, ont une longue carrière de baby Sitter derrière eux, savent, que les enfants prennent beaucoup de temps à comprendre ce qu'est le chaud et le  froid. Mes enfant a l'âge de 3 ans pouvaient sortir avec des manteaux d'hiver alors qu'il faisait 40 c dehors, et inversement ils peuvent rester longtemps en t-shirt lorsqu'il fait -15. Il faut leur inculquer le concept de chaud et de froid pour qu'ils le perçoivent le chaud et la froid, contrairement a l'animal chez lequel la perception n'est pas conditionnée par la  conceptualisation. (Ici, j'extrapole sur l'axiome de mcdowell en le replaçant dans le contexte de la philosophie existentielle dite continentale.) En fait pour l'homme vivre c'est apprendre. C'est à dire que vivre c'est imaginer des concepts théoriques, puis les identifier dans son expérience vécue. A travers l'identification du vécu a un concept  l'homme perçoit et vie.  En fait on ne peut pas différencier deux mondes celui de l'expérience, ou le monde s'impose a l'homme, face  au monde de l'interprétation, ou l'homme est libre d'interpréter, par ce qu'en fait toute expérience est déjà une interprétation. L'homme doit pouvoir interpréter librement pour percevoir. C'est  lorsque l'homme ne peut plus interpréter librement, lorsque la réalité s'impose  a l'homme dans une évidence non interprétable ou la lecture n'est plus libre, qu'il sent un vertige existentiel face a l'absurdité de la vie. Cette philosophie est celle de l'anti-behaviourisme, de l'anti-wittgenstein, de l'anti-leibovitch, de l'anti-soloveitchick, de l'anti-existentialisme. Et c'est la mienne (pour cette semaine en tout cas).

8- et alors?

De cette constatation on peut déduire un deuxième axiome qui ouvre la porte a une révision fondamentalement la philosophie continentale puisque pour mcdowell  chez l'homme "l'essence précède a l'existence". Par exemple, Sartre fait dépendre le malaise existentiel et la sensation d'absurde du fait que l'homme se  trouve en face d'une liberté, en face de la conscience d'un choix absolu  ou tout peut basculer. Pour Sartre c'est la liberte qui crée le sentiment d'absurde, l'homme cherche donc fuir la liberté pour s'identifier a un rôle qui  lui est attribué du dehors et auquel l'individu reste fondamentalement étranger. Pour mcdowell, au contraire, c'est le manque de liberté qui crée le sentiment l'absurdité. Le malaise  difficile à vivre pour l'homme c'est l'évidence de la réalité qui s'impose à l'homme. La liberté, elle, par contre est un sentiment de  bonheur pour l'homme. Cette liberté heureuse vient justement dans la possibilité  chez l'homme de s'identifier à un concept, c'est à dire à se retrouver dans une donnée culturelle, dans un rôle. Pour mcdowell il ya une symbiose essentiel entre liberté de l'homme et son rôle social. Si l'homme doit conceptualiser pour percevoir, cela veut dire que l'homme doit s'identifier à un  rôle ou a une idée pour vivre.

9- quelques exemples éclairants Comment comprendre le phénomène de la mode, pourquoi chaque année diesel est oblige de changer le design de ses jeans? Mercedes de ses voitures etc..., pour une seule et même raison, l'homme veut garder la faculté de pouvoir interpréter  le monde dans lequel il évolue. Si il devient évident que pour moi cette voiture est une Mercedes, non seulement la mercedes n'a plus aucun charme, mais en plus elle apparait comme une présence  absurde qui s'impose a moi et qui dérange. Si, par contre, la  mercedes change de forme chaque année, alors, je retrouve ma liberté d'interpréter le concept du design de mercedes. Est-il vraiment encore dans le concept de la Benz original? Est-il beau?, etc., il en va de même pour les défilés Dior ou Lanvin etc., le changement est nécessaire pour que l'homme puisse garder la faculté de juger et d'interpréter, et ainsi redonner un sens au monde qui l'entoure. Ce que bataille appelait la partie maudite de l'objet et ce que Baudrillard appelle le séduction de l'objet, n'est pas un charme qui défit l'entendement, comme ils le pensaient, mais bien la capacité de l'homme a juger et surtout a identifier a un concept, la possibilité pour l'homme d'interpréter la perception.

10- l'homme et son travail l'homme est condamne à jouer un rôle mais il se retrouve dans son rôle, l'homme cherche à être utile. Je veux ici citer celui que je concidere comme le penseur le plus profond du 20eme siècle, ( et surtout le plus religieux) Sacha Guitry, (a l'occasion du centième anniversaire de sa naissance) " je rêve d'écrire un livre qui s'appellerait la vie exemplaire de Claude Monet, par ce qu'il ne semble pas que l'on puisse imaginer une être plus parfait que lui. Son existence fut pure d'un bout à l'autre. Claude monet pouvait se vanter de n'avoir jamais fait ni dans sa  vie privée ni dans son art quelque chose qui fut répréhensible. Sa vie d'ailleurs était la plus simple du monde. Il regardait, mangeait, fumait, marchait, buvait et écoutait. Le reste du temps il travaillait. Il ne faisait en  somme que deux chose travailler et vivre." Pour Sacha Guitry l'homme trouve son  sens dans le travail, dans son rôle social. L’homme est condamne à jouer la comédie, c'est à dire à s'identifier a des concepts, mais ce rôle de comédien  n'est pas un rôle impose ou l'homme se sent étranger, mais bien au contraire, c'est dans cette comédie que l'homme retrouve sa liberté interprétative. [Cette idée est corroborée par les découvertes des neuro sciences qui montrent que les perceptions du cerveau sont filtres dans en vue de l'accomplissement d'un scenario d’action, c'est en vu d'un schéma pré établie d'action que le cerveau perçoit ou ne perçoit pas, cela montre bien que toute perception est liée a l'identification a un rôle.] Si l'homme moderne se sent absurde aujourd’hui dans sa fonction c'est par ce qu'elle est répétitive et ne laisse pas une liberté d'interprétation, la fonction de l'homme s'impose a lui rapidement dans la violence de son évidence. Pour vaincre l'absurdité et le non sens, il faut complexifier le rôle pour retrouver une place ou l'homme puisse juger et interpréter, une place ou il aurait une liberté d'interprétation, il faut libérer un espace ou l'homme pourrait encore identifier des concepts, en ayant le choix de les juger.

11-  C'est cette fuite de l'absurde qui a toujours poussé l'homme à chercher du nouveau en art ou en philosophie. Lorsque les vieux  concepts et les vieux effets deviennent trop évident, lorsqu’ il l'individu n'avait plus de liberté interprétative face a ces idées ou ces effets, ce qui les rendait donc du même coup les anciennes idees absurdes. La seule manière de garder une liberté d'interprétation c'est de complexifier l'effet ou l'idée, c'est à dire de chercher du nouveau.

12-  Pour revenir a notre problème initiale qui était de donner un sens a l'étude de la torah et au rituel de la prière, il semblerait que la solution soit la suivante si le rituel ou l'étude paraissent absurdes, c'est par ce qu'ils ne sont pas assez complexes ou pas assez contraignant ils sont trop évidents, la manière de leur rendre un sens c'est d'accentuer la contrainte de la mitswah  ou la complexité de l'étude pour obliger l'homme a devoir choisir c'est a dire identifier des concepts.

13-  La contrainte en art n'est pas causée par" un tu obéiras!" comme le pensait  Nietzsche, mais par "un tu créeras un nouvel effet!" "Tu rendras un sens!" "Tu sortiras de l'évidence!".

14-  En fait plus le rôle est contraignant et complexe plus l'homme s'identifie et se retrouve clairement dans son rôle si il choisit de l'interpréter. Par exemple si Monet se retrouve pleinement dans son activité, c'est par ce que justement elle l'oblige a choisir, a juger, et a interpréter dans la recherche d'un effet toujours plus complexe, le fait de devoir choisir d'interpréter permet a Monet de s'identifier très clairement a son œuvre. Ce qui n'est pas le cas du garçon de café sartrien qui, lui, ne s'identifie pas à son rôle, par ce qu'il n'a pas dans son rôle de liberté interprétative, il ne se retrouve donc pas dans ce qu'il fait. C'est pour cela que le talmud concidere l'étude rigide de la halacha comme primant sur l'étude de la pensée juive, puisque dans la halacha les contraintes de logiques sont plus fortes que dans la pensée juive, ou la logique reste moins contraignante, et donc permet moins a l'homme de s'identifier a des concepts.

15-  Pour la torah si quelqu'un veut comprendre le sens par exemple de la mitswah des tefillins, le plus simple serait pour cette personne d'apprendre les  lois des tefilines dans leurs détails et dans les discutions qui existent entre  les différents avis sur les détailles des lois des tefillins, jusqu'a qu'il arrive a un point ou il puisse faire un choix d'interprétation, ou il puisse s'identifier dans un choix qui définit un concept concernant les tefillins, même si cette identification aura lieux sur un point de détail des lois des tefillins, lorsqu'il aura pu interpréter librement  un concept, il aura trouve plus de sens a la mitswah que si il en avait cherche les cause dans des raisonnement de logique morale qui resteront toujours flous, et peu identifiant pour l'homme, par ce qu'inutile.

16-   Le sens des rituels répétitifs de la prière seraient à prendre dans ce sens: Naturellement, l'homme n'aurait qu'un rapport très simple avec d', et très  minimaliste, il prierait uniquement pour que d' lui donne de l'argent ou la sante et des enfants, et lorsqu'il aurait ce qu'il voulait il ne prierait plus. Les sages ont institue un texte immuable répétitif qui bloque l'homme dans une sorte de rôle psychotique, dans une contrainte rigide, mais justement la rigidité de la contrainte oblige l'homme a interpréter le texte de manière différente, il oblige l'homme a choisir l'interprétation des mots d'une manière a chaque fois nouvelle et toujours plus complexe, il oblige l'homme a se retrouver de plus en plus clairement dans son rapport a D. si je dit 3 fois par jours "le grand", pendant 10 ans la répétition va m'obliger a interpréter différemment, de manière évolutive, le rapport que j'ai a la grandeur de d'.

17-  Le hazon ich,  un très grand rav du 20 e siècle, dit, qu'étudier c'est essentiellement répéter le texte que l'on étudie plusieurs fois pour que la structure logique apparaisse de plus en plus clairement sans chercher a trouver un sens ou une nouveauté quelque qu'elle soit. Mais le hazon ich poursuit "a force de répéter,  il  s'ouvre pour l'homme une porte d'ou sort une lumière énorme  a laquelle l'esprit se délecte a l'infini" je ne pense pas que le hazon ich parle ici d'un éclairage mystique, cette lettre est une lettre qu'il a écrit  pour aider les jeunes a se familiariser a l'étude du talmud, je pense que le hazon ich veut dire que, le fait de répéter un texte plusieurs fois oblige l'homme, a un certain point, a interpréter ce texte d'une manière radicalement nouvelle ou il se retrouve plus. c'est la contrainte qui force l'homme a réfléchir mieux et plus profondément. Cette contrainte peut être la rigidité des structures logiques ou la rigidité de la répétition ou les deux ensembles.

18-  Nietzsche disait que "partout ou ils sont allés, les juifs, on apprit aux nations à penser plus juste", ceci vient justement de la rigueur de la contrainte qu'il ya dans le judaïsme qui oblige l'homme à renouveler son interprétation des concepts. Cette contrainte est une fuite en avant, car lorsque la contrainte héritée nous parait évidente et absurde, pour lui retrouver un sens, la seule échappatoire et de rajouter encore de la contrainte et de la complexité, pour recouvrir un espace interprétable. C'est la a mon avis le secret de la créativité des juifs. Les sages ont rajoute des contraintes et de la complexité aux lois initiales des patriarches, par ce que cela devenait nécessaire aux juifs pour se retrouver dans leurs rapport a la torah, sans cela la torah serait restée une parole creuse, trop évidente. Les sages grâce aux rituels qu'ils ont  imposes,  et grace a la technicité de la halacha, ont ouvert  un espace de liberté ou les juifs peuvent choisir d’interpréter.

19-   Freud, retrouve beaucoup de point commun entre le culte rituel juif  et des psychoses, des maladies mentales ou les patients s'identifient à des rôles imaginaires qu'il rejoue a l'infini. J'ai beaucoup fréquenté les psychotiques lourds et je peux dire qu'il existe une différence fondamentale que Freud a occulte entre le schizophrène et le fondamentaliste religieux. C'est que le schyzophrene ne choisit pas de jouer un rôle, il est inconscient d'être en train  de refaire une scène imaginaire, alors que le religieux choisi d'interpréter un  rôle, de rentrer dans le scenario de quelqu'un qui parle a d'. Le religieux, en s'identifiant à un rôle,  ne fait que conceptualiser, c'est à dire de juger si il peut identifier ou non un concept avec son vécu. Alors, que le fou ne choisi  rien consciemment. Ce que je veux dire par la, c'est que la contrainte religieuse ne peut avoir un sens que si elle est choisi par l'homme pas si elle est imposée, un culte impose c'est la schizophrénie. L’étude permet de sauvegarder la liberté d'interprétation de l'homme malgré la rigidité et la contrainte de la loi, plus la loi est rigide plus l'étude est nécessaire. En résumépour les gens qui n'aime pas lire (suivre la mode en s'identifiant aux désirs de la société de consommation, et étudier le talmud (ou n'importe quelle sagesse) dans une recherche de sens, sont  l'expression d'un même désir de fuir l'évidence absurde et insoutenable de la répétition, dans le premier cas on essaie de simuler le nouveau, dans le deuxième cas on sublime la répétition en la retournant contre elle même)

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