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Writer's pictureRav Uriel Aviges

Pessah 5778

Dans la hagadah de pessah nous pouvons lire le passage suivant :

« Et nous avons crié vers l'Éternel, le Dieu de nos pères. Et l'Éternel entendit notre voix et vit notre souffrance, notre labeur et notre oppression. »

« Et nous avons crié vers l'Éternel, le Dieu de nos pères », comme il est dit : « Pendant cette longue période, le roi d'Égypte mourut ; et les Enfants d'Israël gémirent à cause de la servitude et ils crièrent. Et leur appel au secours monta vers Dieu, depuis la servitude. »

« Et Dieu entendit notre voix », comme il est dit : « Et Dieu entendit leur gémissement, et Dieu Se rappela Son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob. »

« Et il vit notre souffrance », ceci se réfère à la séparation conjugale, comme il est dit : « Dieu vit les Enfants d'Israël et Dieu constata. »

Il est intéressant de remarquer, que la principale souffrance des hébreux ; celle qui a provoqué la clémence de D et donc la libération, c’est la frustration sexuelle. Ce ne sont pas le travail accablant et les pogromes, ni les sévices endurés en Egypte, qui ont provoquée l’intervention de D, c’est la frustration sexuelle.

C’est en soi, un point étonnant, c’est comme si on nous disait que le plus dure dans les camps de concentration ce n’était pas les fours crématoires, ou le travail forcé, la faim la soif, etc., mais c’était l’impossibilité à avoir du sexe.

La deuxième difficulté de ce passage de la hagadah, c’est qu’il contredit le reste de la hagadah et les versets même de la torah.

En effet la torah nous explique que le peuple croissait et se multipliait, que c’était justement pour cela que les égyptiens avaient commencé à asservir les juifs, et que plus les juifs souffraient plus il se multipliaient. Le texte dit en effet (exode 1) « Il dit à son peuple : "Voyez, la population des enfants d'Israël surpasse et domine la nôtre. 10 Eh bien ! usons d'expédients contre elle ; autrement, elle s'accroîtra encore et alors, survienne une guerre, ils pourraient se joindre à nos ennemis, nous combattre et sortir de la province." 11 Et l'on imposa à ce peuple des officiers de corvée pour l'accabler de labeurs et il bâtit pour Pharaon des villes d'approvisionnement, Pithom et Ramessès. 12 Mais, plus on l'opprimait, plus sa population grossissait et débordait”

Il se trouve donc qu’a aucun moment le peuple d’Israël a été frustré sexuellement.

En effet le midrash dit (rapporté par rachi exode 38 8) « Les femmes d’Israël possédaient des miroirs dans lesquels elles se regardaient lorsqu’elles se faisaient belles. Et même ces miroirs, elles n’ont pas hésité à les offrir pour la construction du tabernacle. Mochè répugnait à les accepter, car ils ont pour vocation d’encourager le penchant au mal. Le Saint béni soit-Il lui a dit : « Accepte-les ! Ils me sont plus chers que tout, car c’est grâce à eux que les femmes ont donné le jour à des armées (tsevaoth) d’enfants en Egypte ! » Quand leurs maris étaient épuisés par leur dur travail, elles allaient leur apporter nourriture et boissons. Elles leur donnaient à manger puis elles prenaient leurs miroirs. Chacune se regardait dans le miroir avec son mari, et elle lui disait tendrement : « Je suis plus belle que toi ! » Elles éveillaient ainsi le désir chez leurs maris, elles s’unissaient à eux, devenaient enceintes et accouchaient, comme il est écrit : « Sous le pommier je t’ai éveillé » (Chir hachirim 8, 5)

Donc comment comprendre ce passage de la hagadah ?

Pour répondre à cette question il faut regarder la source de ce passage dans le talmud Sotah 11b

« R. Awira a expliqué : c’est pour récompenser les femmes justes de cette génération que les Israélites ont été délivrés d'Egypte. Quand elles allaient puiser de l’eau, le Saint, Béni soit-il, arrangeait que des petits poissons entrent dans leurs pichets, si bien que les pichets étaient à moitié plein d'eau et à moitié plein de poissons. Elles mettaient ensuite deux pots sur le feu, l'un pour l'eau chaude et l'autre pour le poisson, qu'elles portaient à leurs maris sur le terrain, après les avoir lavés, oints, et nourris, elles leur donnaient à boire et avaient des rapports avec eux parmi les bergeries, comme il est dit: « Lorsque vous vous situez parmi les bergeries etc. »,  après que les femmes aient conçu, elle s’en retournaient chez elles; et quand le moment de l'accouchement arrivait, elles allaient  accoucher dans le champ sous le pommier, comme il est dit: sous le pommier je vous ai fait sortir [de l'utérus de votre mère].

Le Saint, Béni soit-il, a envoyé un ange des cieux qui a lavé et redressé les membres [des enfants] de la même manière qu'une sage-femme redresse les membres d'un enfant ; comme il est dit : « et quant à ta naissance, le jour où tu es né ton nombril n'a pas été coupé, tu n’as pas été lave dans l'eau pour te purifier ». 7 il leur a également fourni deux gâteaux, l'un de l'huile et l'autre de miel, comme il est dit : « Et il l'a fait sucer le miel de la roche, et le pétrole etc. » 8 quand les Egyptiens les ont remarqués, ils sont allés les tuer; mais un miracle s'est produit pour eux et ils ont  été engloutis dans le sol, et [les Egyptiens] ont apporté des bœufs et labouré sur eux, comme il est dit: les charrues labouré sur mon dos. » après que les Egyptiens eurent quitté l’endroit, les enfants poussaient de la terre] et sortaient comme l'herbe du champ, comme il est dit: je vous ai causé de vous multiplier comme le bourgeon du champ; 10 et quand les enfants avaient grandi, ils revenaient en troupeaux à leurs maisons. Lorsque le Saint, Béni soit-il, s'est révélé sur la mer rouge, les enfants l'ont reconnu les premiers, comme il est dit : « c'est mon Dieu et je le louerai ».

Si on interprète le texte de la hagadah a la lumière de ce passage du talmud, il se trouve, que la frustration sexuelle dont il est question, n’est pas une abstinence physique. Les relations sexuelles avaient bien lieu, mais, les mères ne pouvaient pas s’occuper de leurs enfants, les enfants grandissaient tout seul dans la forets complètement abandonnés par leur parents, mais recueillit par des anges selon ce textes du talmud ou par des animaux selon d’autres sources midrashiques. Les enfants reconnaissent D mais ils ne reconnaissent pas leur parents, ils rentrent chez eux lorsqu’ils sont déjà adultes.

Les femmes sont frustrées de cet impossibilité de pouvoir donner de l’affection à leur enfants, c’est pour cela qu’elles donnent par dépit cette affection à leur époux. Le texte dit « après les avoir lavés, oints, et nourris, elles leur donnaient à boire et avaient des rapports avec eux », les femmes traitent leurs maris comme les enfants qu’elles ne peuvent pas choyer, et les maris eux sont complètements passifs, le talmud commence son narratif en disant « c’est pour récompenser les femmes etc.. » il veut donc dire implicitement, que les hommes étaient complétement passifs, dans ce jeux de rôle, ils acceptent d’être infantilises.

C’est ce que le texte de la hagadah appelle de la frustration sexuelle.

Mais, malgré cette interprétation, le texte demeure obscur, vue que pour la plupart des hommes (qui sont ceux qui ont écrit le talmud, et ceux a qui il est traditionnellement principalement adresse), le comportement sexuel décrit, n’est pas frustrant, il est au contraire, ce que les hommes considèrent comme l’assouvissement ultime du désir sexuel. Tout homme rêve d’être traité par sa compagne, comme il a été traité pas sa mère. Malheureusement, ce rêve ne se réalise jamais, et c’est là que réside la frustration, alors pourquoi le talmud nous dit que les hébreux étaient frustrés sexuellement en Égypte ?

2.

Au début du narratif le talmud s’appesanti sur une histoire de poisson, cette introduction parait superflue.

En fait le talmud fait allusion a un passage de la torah, ou les hébreux se rappellent du poisson qu’ils mangeaient gratuitement en Egypte.

« Or, le ramas d'étrangers qui était parmi eux fut pris de convoitise ; et, à leur tour, les enfants d'Israël se remirent à pleurer et dirent : "Qui nous donnera de la viande à manger ? 5 Il nous souvient du poisson que nous mangions pour rien en Egypte, des concombres et des melons, des poireaux, des oignons et de l'ail. 6 Maintenant, nous sommes exténués, nous manquons de tout : point d'autre perspective que la manne !... 10 Moïse entendit le peuple gémir, groupé par familles, chacun à l'entrée de sa tente. »

Rashi explique en citant le talmud que les poissons gratuits font références aux interdits d’inceste, il dit en effet « Pleurant pour ses familles Ils s’étaient groupés par familles et ils pleuraient pour manifester publiquement leur récrimination. Nos maîtres ont enseigné : « Pour ses familles » – pour les affaires de famille, à cause des unions incestueuses qui leur étaient désormais interdites (Yoma 75a) »

En recevant la torah, les juifs acceptent sur eux plusieurs interdits, les interdits sexuels sont ceux qui semblent les plus dures à accepter, ce qui n’est pas en soi étonnant. Ce qui est cependant étonnant, c’est que les interdits qu’ils ont du mal à accepter ce sont les interdits d’inceste. A priori, l’inceste n’est pas le désir sexuel le plus irrépressible pour la plupart des êtres humains, bien au contraire.

Ceci est d’autant plus étonnant, que les interdits d’incestes étaient respectés en Egypte, par les égyptiens eux même.

Lorsque la torah dit lévitique 18 « Les pratiques du pays d'Egypte, où vous avez demeuré, ne les imitez pas, les pratiques du pays de Canaan où je vous conduis, ne les imitez pas et ne vous conformez point à leurs lois » Rashi explique : « Comme l’activité du pays d’Egypte Cela nous apprend que les pratiques des Egyptiens et des Kena‘anéens étaient plus dépravées que celles de toutes les autres nations, et que la région où a habité Israël était plus dépravée que toutes les autres (Torath kohanim). », et Maimonide dit en citant le talmud. « Des femmes qui ont des relations entre elles, cela est interdit et fait partie des actes de l’Egypte qui nous ont été interdits, comme il est dit « vous ne ferez pas les actes de la terre d’Egypte ». Nos sages ont dit : « Que faisaient-ils [les égyptiens] ? Un homme se mariait avec un homme et une femme avec une femme, et une femme se mariait avec deux hommes. ». Il est donc question d’homosexualité, de lesbianisme, de polygamie, de zoophilie même, mais pas d’inceste.

Je pense que pour la plupart des gens l’interdit de la polygamie, et tous les interdits lies au mariage sont plus difficile à accepter que ceux de l’inceste, alors pourquoi les juifs semblent accepter facilement tous ces interdits, alors qu’ils se plaignent des interdits d’inceste ? Aussi, pourquoi les Egyptiens ne pratiquaient-ils pas l’inceste, alors qu’ils pratiquaient même la zoophilie ?

Toutes ces questions nous portent à réinterpréter le texte de l’exode et plus généralement la sortie d’Egypte, d’une manière nouvelle.

3

Le texte commence par nous dire que les hébreux se multiplient, alors que les égyptiens, eux ne se multiplient pas. Les Egyptiens ont peur d’être chassé de leur propre pays et de devenir eux même une minorité.

Cet énoncé nous pose d’emblée deux questions, d’abord pourquoi les juifs se multiplient ils plus vite que les égyptiens, deuxièmement, les juifs se sont maries avec des égyptiennes, ils sont donc intégrés à la société, pourquoi donc d’un coups les juifs sont-ils stigmatisés et discriminés ?

A première vue, du fait que la torah ne donne aucune explication sur ces deux phénomènes, il y a lieu de penser que ces deux phénomènes entretiennent un rapport causal. Les Egyptiens ne se multiplient pas par ce qu’ils utilisent des moyens contraceptifs, pour eux la sexualité doit être séparée de la procréation, c’est pour cela qu’ils adoptent le mariage homosexuel, la polygamie des femmes etc., le sexe est un plaisir et une jouissance, il n’est pas orienté sur la reproduction.

Les juifs deviennent un peuple uniquement par ce qu’il rejette cette vision de la sexualité, ils refusent d’utiliser des moyens contraceptifs, la sexualité reste liée a la procréation. Ce n’est qu’travers ce rejet qu’ils se démarquent en tant que nation de l’intérieur des égyptiens.

Le plus part des couples hébreux sont des couples mixtes, Jacob n’a eu qu’une fille a lors qu’il a eu douze garçons, le midrash nous racontent que les juifs ne pratiquent plus la circoncision, et qu’ils ont oublié la plupart des traditions de leurs ancêtres, mais ils décident de ne pas pratiquer la contraception.

Ceux qui vont choisir de ne pas pratiquer la contraception seront les juifs, les autres les égyptiens.

La suite de l’histoire est claire, les égyptiens se sentant menaces et se sentant disparaitre, n’ont pas d’autre choix que d’essayer d’exterminer les enfants des hébreux ou d’essayer au moins de les empêcher de procréer.

Si pharaon veut tuer les male et pas les femelles, c’est par ce que les males peuvent inséminer en neuf mois un nombre presque infini de femelle, alors qu’une femme ne peut produire qu’un enfant tous les neuf mois. Les femmes ne sont pas un danger pour les Egyptiens puisque leur capacité à procréer est naturellement limitée. C’est ce que le midrash veut dire de manière voilée, lorsqu’il dit que les femmes juives avaient six enfants par portée, il veut expliquer de manière codée que la raison pour laquelle pharaon était prêt à laisser les femmes juives en vie, c’est par ce qu’il savait que leur capacité à procréer était limitée. Il est puni mesure contre mesure, les femmes donnent naissances a des portées de six ou soixante enfants, selon certains midrashim.

Les décrets antisémites de pharaons sont inefficaces, mais il arrive à créer chez les hébreux, une frustration sexuelle et des relations incestueuses, pourquoi et comment ?

Le talmud dans Sotah nous explique que même si les hébreux arrivent à se multiplier, ils ne peuvent pas garder une relation avec leurs enfants, les enfants grandissent dans la forêt, ils vont à l’école ou à la yeshiva et on ne les revoit que la veille de leur mariage. Il n’y a pas de relation réelle entre les parents et les enfants. Il n’y a pas d’amour.

Une relation d’amour peut toujours être saine ou malsaine. Le point de basculement entre une relation saine et malsaine est le suivant ; lorsque l’on aime sainement quelqu’un, on se projette en lui, on souffre lorsqu’il souffre on est heureux lorsqu’il est heureux etc., lorsque l’on aime quelqu’un d’une manière malsaine, c’est lorsque l’on se projette en l’autre au point ou l’on veut prendre sa place et devenir l’autre.

L’inceste, c’est lorsque le fils veut prendre la place du père auprès de sa mère, la résolution de ce désir se trouve lorsque le fils apprend à se projeter dans le père. Il se reconnait en lui, dans cette deuxième étape, lorsque le fils voit son père heureux avec sa mère, il se reconnait dans cette joie et il aime son père justement pour cela.

La résolution du désir incestueux, est l’apprentissage de la gestion du rapport de projection que nous avons à l’autre. Cet apprentissage, passe par le dialogue, la présence et la volonté de créer un lien entre les membres de la famille.

Les parents ont une relation saine avec leurs enfants lorsqu’ils arrivent à se projeter dans les désirs et les rêves de ces derniers, cette relation devient malsaine, lorsqu’ils veulent prendre la place de leurs enfants.

Ce qui est vrai du rapport père fils est vrai dans toutes les relations d’amour ou d’amitié. Si on arrive à se projeter dans l’autre et à vivre ce qu’il vit sans vouloir « devenir » lui, on est dans une relation d’amour saine et profonde, mais lorsque l’on veut fusionner et prendre la place de l’autre, alors on est dans une relation malsaine, et dans le cadre familial on est dans une relation incestueuse.

Ceux que la torah veut nous expliquer, c’est que la racine de toutes les perversions sexuelles, se trouve dans la difficulté à établir des rapports familiaux sain et profond.

Le Kuzari explique que les hébreux sont le cœur de l’humanité, lorsqu’il y a une perversion chez les non juifs, c’est par ce qu’il y a une perversion chez les juifs qui y corresponds. Ici la torah nous explique que la racine de la perversion sexuelle des égyptiens se trouvaient dans une incapacité chez les hébreux à créer des relations familiales saines et pourtant fortes entre les membres de la famille.

C’est à travers la résolution des désirs d’inceste que se trouve, la résolution de toutes les perversions sexuelles. Puisque c’est à travers la sublimation de l’inceste que l’homme apprend à créer un rapport a sain a sa sexualité, a ses émotions et à ses sentiments. C’est dans le cadre familiale qu’il apprend à se projeter en l’autre sans pour antan devenir l’autre et prendre sa place. L’homme homosexuel veut devenir une femme, alors qu’aimer les femmes c’est se projeter en elles, sans s’identifier en elle. Il en va de même pour la lesbienne qui veut devenir homme par ce qu’elle ne peut pas se projeter en un homme, etc.

La torah, en instituant la fête du seder avant le don de la torah, nous explique que, contrairement à ce que dit Freud, ce n’est pas la loi qui permet de gérer les désirs sexuels, c’est le dialogue et la communication.

Etre religieux dans le judaïsme c’est se projeter en D sans vouloir prendre sa place. Tous les idolâtres veulent prendre la place de D, créer une idole, c’est se mettre à la place de D. C’est en apprenant à gérer les liens familiaux que l’homme apprend à gérer le rapport au divin.

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