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Writer's pictureRav Uriel Aviges

Pourim 5768

La megilah d'Esther commence par l'expression " et ce fut pendant les jours d'Assuérus", or le talmud dit dans le traite de megilah le terme "et ce fut durant les jours" connote toujours une période malheureuse, a pourim le malheur c'était Haman, dit le talmud. Le maharal explique que cette expression de "vayehi bimei", "et ce fut pendant la période", qui ne se retrouve que 5 fois dans la bible, est une expression de malheur par ce que justement elle exprime un changement dans la durée, ce qui veut dire que les choses dépérissent et se détruisent par elles mêmes et qu’elles périclitent. Un changement soudain peut être une création bénéfique, mais un changement qui se ressent dans la durée c'est de la pourriture, le maharal remarque qu'un homme heureux ne sent pas le temps passer, celui qui sent le temps passer est essentiellement dans une situation de pouriture, le fait de commémorer c'est déjà se mettre dans une situation de malheur.

La megilah commence par le récit des festins que le roi Assuérus donne pour commémorer les victoires de nabuchodonosor,( selon le midrash,)sur tout les peuples et sur Israël en particulier, c'est pour cela qu'il utilise les ustensiles du temple, mais cette commémoration est en soi la marque de la fin de la descendance de nabuchodonosor, la dernière descendante de ce roi, la reine vashti, perd la vie dans ce banquet par ce qu'elle n'ose pas se montrer nue. Le talmud rapporte les différents versets dans Isaïe qui annonçaient la vengeance de D sur nabuchodonosor, or a la lecture de ces verset d'Isaïe on pourrait s'attendre a ce que cette vengeance s'accomplisse par Israël par une victoire militaire de l'armée d'Israël sur l'empire des perses qui restore la royauté d'Israël. Mais ce n'est pas ce qui c'est passe du tout, toute la famille de nabuchodonosor est détruite d'elle même par des conflits internes, elle pourrit. En parallèle le peuple d'Israël aussi est en putréfaction il se détruit de lui même il s'assimile, on se rend compte que le destin du peuple perse et celui d'Israël est lie, si Israël pourrit alors le peuple perse pourrit aussi et il s'autodétruit, si par contre, Israël se renouvelle et revit alors le peuple perse aussi peut être sauve.

Le message de la megilah du début à la fin, explique le maharal c'est de dire qu'il n'y avait pas d'antinomisme entre Israël et les perses et qu'au contraire ils sont lies dans le même destin, l'ennemie c'est Haman, c'est amalek il est l'ennemie d'Israël et de la nation perse puisque c'est lui qui cause l'extinction de la dernière rescapée de la famille de nabuchodonosor, on sent bien aussi que son but aurait été de tuer le roi Assuérus.

Le maharal continue a expliquer que le peuple perse se sent en perte de vitesse, il cherche un renouveau c'est pour cela qu'il cherche une nouvelle reine qui ne soit pas exclusivement de race perse, contrairement a l'habitude des roi qui est de chercher une rein de race noble, il y a ici la recherche d'un croisement. Finalement c'est une juive Esther qui est retenue par le roi Assuérus et qui trouve grâce aux yeux de tout les perses, et de tout les habitant du royaume, pourquoi? Par ce qu'elle se cache, or séduire c'est se cacher dit le maharal, on séduit lorsqu'on adopte l'image de l'autre a l'extérieur tout en faisant pressentir que l'on est autre chose, c'est ainsi que Esther a la grâce le "hen", le hen dans la kabbale, c'est la sagesse cachée, la hochmah nistrah, cette sagesse est cachee aux yeux de l'autre qui pourtant la sent et la recherche. Le talmud dans taanit dit et ailleurs dit que de la même manière que le monde ne peut exister sans les 4 points cardinaux ainsi le monde ne peut pas exister sans Israël. Israël ce n'est pas l'étranger par excellence c'est le miroir déformant qui permet de se comprendre soi même et de se retrouver, Sartre disait que le juif n'existe qu'a travers le regard des autres, ce a quoi le maharal en expliquant le talmud et la megilah répond: non! C’est le goy qui ne peut se définir qu’à travers le regard du juif. L'idée de Sartre est aussi vraie pourtant dans le sens que les juifs essaient d'imiter les nations, ils sont aussi a la recherche d'eux mêmes, si on demande aux juifs "qu'est ce que le judaïsme?" tout les juifs donneront une réponse différente, lorsqu'ils veulent mettre un roi ils cherchent uniquement a copier les nations, dit la bible, toutes la relation a l’idolâtrie n'est qu'une tentative de copier les nations, les juifs sont près a s'associer au mémorial de la shoah de Assuérus même si on fête leur propre destruction.

La meilleurs manière de comprendre se double rapport des juifs et des non juifs c'est de lire le chevalier inexistant de Calvino, c'est un compte qui raconte l'histoire de deux chevalier l'un est une armure vide, qui n'existe pas mais qui fait toujours des actes héroïque et l'autre est un chevalier qui existe mais qui ne sait pas qu'il existe et qui cherche toujours à copier celui qui est a cote de lui.

Mais ce que la megilah nous montre c'est que l'on ne peut pas envisager la rédemption de l'un sans l'autre, c'est la recherche d'identité de l'un qui va permettre a l'autre de se retrouver, c'est ca la grâce d'Esther aux yeux d'Assuérus.

Ce qui plaisait à Lacan chez Freud c'est le fait qu'il cherchait à cacher son judaïsme, et que c'est a travers ca qu'il pouvait trouver ce qu'il se cachait lui même.

Mais il y a l'ennemie commun c'est Haman, le talmud dit aman c'est un homme et pas un roi, le maharal explique qu'un roi cherche la pluralité il veut avoir le plus de sujets possibles pour affirmer sa puissance, il ne chercherait pas a détruire une partie de la population de son royaume, mais Haman est un homme pas un roi , or l'homme a été créé seul par ce qu'il supporte naturellement mal l'autre homme, le maharal dit que l'homme seul c'est celui qui se définit comme dominant les mondes inferieures c'est a dire la nature, en tant que maitre de la nature l'homme cherche a être unique. Le roi est au service d'un idéal national, il peut faire des erreurs, par ce que l'idéal peut être mauvais, et il peut détruire les juifs comme pharaon ou nabuchodonosor, mais il n'est pas essentiellement mauvais il ne cherche pas anéantir un peuple entier, alors que aman cherche annuler une race par ce qu'il est contre l'idée de nation. Ce qu'il reproche aux juifs dans la megilah c'est d'être un peuple unique et disparaitre d'avoir une personnalité, mais c'est ce même reproche qu'il fait a vashti quand elle s'oppose a Assuérus, il lui en veut d'avoir un avis et d'exister, il ne veut voir qu'une seule tête, il est contre l'idée de nation et de mosaïque dans l'empire, or le ciment de la mosaique universelle c'est Israël. Haman n'est pas anti Israël il est anti-nation, le fait que dans la megilah le mot roi peut référer a D aussi bien qu'a Assuérus, montre bien qu'il y a un lien essentiel entre l'identité nationale et le lien a D. le roi est un guide il est le premier parmi ses pères, c'est dans ce sens qu'il faut comprendre l'attribut de royauté quand il est applique a D, dans la prière et dans la cabale.

La megilah est le dernier texte de la bible, il se termine par un happy end hollywoodien, un mariage mixte entre la reine Esther et Assuérus, il montre que malgré la haine, la rédemption d'Israël ne peut pas s'accomplir par une vengeance contre les nation, mais qu'au contraire la rédemption d'Israël passe par la rédemption des nations, ce qui s'est passe en Allemagne aurait pu ne pas arriver on voit bien que vers la fin les sages de la haskalah étaient en train d'opérer un retours vers le judaïsme. Ce même essoufflement qu'André Neher et benjamin avaient vu en Allemagne, et ce croisement de culture que Nietzche recherchait lui même, aurait put aboutir, l'ennemie ce n'était pas la culture allemande c'était le fascisme et le communisme de Staline, la megilah montre bien que tout se joue sur les derniers moments, comme dans les partis d'échecs, et que lorsque l'on se rapproche d'une rédemption et de l'équilibre on se rapproche du même coups d'un danger mortel, par ce que l'équilibre ne peut venir que par une remise en question profonde, et que cette remise en question crée un moment de doute, mais cette remise en doute est nécessaire si on ne veut pas mourir par pur pourrissement.

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