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Writer's pictureRav Uriel Aviges

Shemini Atseret 5776

Grossesse et maternité.

1. Gestation et féminité

 Dans le rituel séfarade de chemini atseret on peut lire la prière suivante : « que cela soit ta volonté D, de contracter (« laatsor » veut dire retenir contracter fermer. Ce mot est employé dans la bible en général pour parler des femmes stériles dont la matrice est obturée) notre matrice, pour que la semence que nous avons reçu de toi durant les jours redoutables, reste en nous et qu’elle ne s’éparpille pas. De même que la terre se referme (en hiver) sur la graine pour la faire germer, ainsi ferme notre matrice pour  que ta lumière grandisse en nous, pour qu’elle reste en nous et qu’elle ne soit détruite par une autre semence étrangère ».

Cette prière semble nous indiquer qu’il y a deux étapes dans la relation à la torah. Il y a une étude à livre ouvert, puis, il y a une étude qui commence lorsque l’on ferme le livre, à ce moment subrepticement, la torah grandit en nous et nous transforme sans que nous en soyons nous-même conscients. C’est cette relation à la torah que l’on célèbre à chemini atseret et simhat torah. A simhat torah on dance avec les livres sans les ouvrir, on célèbre la clôture des fêtes.

Si le texte rituel explique que la fête de chemini atseret c’est la fête de la grossesse, il y a lieu de s’interroger sur la définition de ce concept dans la torah.

A première vue il semble que la grossesse soit le fruit d’une malédiction. La période de gestation est introduite après la faute d’Adam et Ève, pour punir Eve. Dans les versets il est écrit «  A la femme il dit: "J'aggraverai tes labeurs et ta grossesse; tu enfanteras avec douleur; la passion t'attirera, vers ton époux, et lui te dominera." Rashi explique « Ta souffrance : Celle liée à l’éducation des enfants. Et ta grossesse : Il s’agit des souffrances de la gestation.  Tu engendreras des fils avec douleur : Ce sont les souffrances de l’accouchement (‘Erouvin 100b). La passion t’attirera vers ton mari Pour les rapports conjugaux. Et cependant tu n’auras pas l’audace d’exprimer à haute voix ton désir. Mais « lui te domineras » : tout viendra de lui, pas de toi. La passion « Ton désir », comme dans : « son âme est attirée (choqiqa) » (Yecha’ya 29, 8). »

Il y a deux points qui posent problème sur ce passage de la torah. Le plus évident c’est le dernier, comment la torah peut-elle dire que la femme est condamnée à être dominée par l’homme à cause de la violence de son désir ? A priori il est évident que le désir sexuel de l’homme est beaucoup plus violent et moins contrôlable que celui de la femme. Il est malheureusement courant que des hommes violent des femmes, le contraire est beaucoup plus rare. La halakha est assez explicite sur ce sujet  puisqu’elle punit financièrement plus durement une femme qui refuse d’avoir des relations avec son mari que le mari qui refuse d’avoir des relatons avec sa femme. Lorsque le talmud s’interroge sur cette dissymétrie il dit simplement (ketouvoth 64b) «regarde le marché des prostituées qui paye qui ? ». Il est donc difficile de comprendre le sens du verset de la torah lorsqu’il dit que la femme sera dominée par son mari à cause de la violence de son désir.

Un point difficile à comprendre c’est « la souffrance de la gestation ». En général les femmes sont très heureuses lorsqu’elles sont enceintes, elles sentent rarement la gestation comme une période difficile de leur vie, au contraire.  Les souffrances de l’accouchement sont réels, mais celle de la gestation ne sont pas si terrible, dans la pluspart des cas. Alors comment comprendre que la torah considère la période de la gestation comme une malédiction ?

On peut répondre à ces questions si on lit ce passage de la torah en regard d’un autre passage. Lorsque Caïn est sur le point de tuer Abel, D se révèle à Caïn pour le mettre en garde. Les versets disent : « Le Seigneur se montra favorable à Abel et à son offrande, 5 mais à Caïn et à son offrande il ne fut pas favorable; Caïn en conçut un grand chagrin, et son visage fut abattu. 6 Le Seigneur dit à Caïn; "Pourquoi es-tu chagrin, et pourquoi ton visage est-il abattu? 7 Si tu t'améliores, tu pourras te relever, sinon le Péché est tapi à ta porte: il te désire, mais toi, tu le domineras!" 8 Caïn parla à son frère Abel; mais il advint, comme ils étaient aux champs, que Caïn se jeta sur Abel, son frère, et le tua. »

Ce qui est important dans ce texte, c’est que D met en parallèle le rapport de l’homme au mauvais penchant et le rapport de la femme a l’homme, dans les deux cas c’est la même expression qui est utilisée, il te désire et c’est pour cela que tu as pour vocation de le dominer.

Ce texte est très énigmatique, car a première vue le mauvais penchant est en nous il ne nous désire pas, il semble être notre désir  le plus profond et le plus personnel. Comment la torah peut-elle considérer que ce désir est extérieur à nous et qu’il cherche à nous dominer ?

Pour répondre à ces questions, il suffit d’observer  le monde du travail.  Dans le monde du travail les femmes sont moins bien payées que les  hommes, malgré toutes les lois qui sont constamment passées en faveur des femmes, malgré le fait, qu’en moyenne les femmes sont plus diplômées que les hommes, les femmes restent en général,  dans le monde du travail, moins récompensé et moins rémunéré que les hommes, pourquoi ?

Lorsque l’on parle avec les patrons d’entreprises, ils vous répondent de manière schématique qu’il y a deux grands types d’employées de sexe féminin. Il y a celles qui sont incompétentes et non motivées, elles n’ont aucune ambition, et veulent simplement garder leur salaire en travaillant le moins possible. Il est normal que ces employées ne montent pas très haut dans la hiérarchie.

D’autre part, il y a les employées sur motivées, hyper performante,  et celle-là aussi ce n’est pas la peine de les augmenter de manière significative, il suffit de les motiver par des augmentations symboliques en les valorisant par des compliments, en entretenant l’espoir d’une promotion, car à ce moment-là l’instinct maternel prend le contrôle de ces femmes, elles font passer l’intérêt de leur entreprise avant leur intérêt propre, qu’en chemin, elles ont complètement perdu de vue.

Dans le monde du travail, la femme se fait dominer à cause de  la violence de son instinct maternel.  L’instinct maternel c’est une volonté d’englober l’autre et de faire un avec lui. Or cette volonté a pour vocation d’être dépassée est frustré par ce qu’elle est démesurée.

C’est dans le même sens qu’il faut comprendre l’avertissement que D fait à Abel.  Il est certain que l’homme a pour vocation de dominer sont mauvais penchant, parce que le mauvais penchant est un désir totale qui veut prendre le contrôle sur la totalité de la vie de  l’homme. C’est pour cette raison que l’homme est nécessairement contraint à le vaincre.

Si le mauvais penchant avait des limites innées, alors l’homme n’aurait pas pour vocation de le battre ou de le vaincre, mais à partir du moment où le mauvais penchant n’a pas de limite, qu’il le désire dans le sens où il cherche à englober complétement et parfaitement l’individu, paradoxalement, il est évident qu’il a pour vocation d’être vaincu. C’est aussi pour cette raison que l’amour des femmes a pour vocation d’être frustré.

Dans l’histoire des nations, à chaque fois qu’un empire a voulu englober ou assimiler un autre pays, cet empire a été détruit. Celui qui veut englober l’autre s’expose à la destruction.

La « souffrance de la gestation », c’est la souffrance que la mère va éprouver lorsqu’elle va voir ses enfants (ou son conjoint) devenir indépendant.

.2 Le rôle de la maternité dans le rapport amoureux et dans la religion

Le rituel de chemini atseret semble indiquer qu’il est positif d’établir un rapport maternel avec la torah. On devrait vivre les expériences religieuses comme des graines qui grandissent en nous. Cette idée peut paraitre étrange, vu que vouloir faire germer la torah en nous c’est surement la dénaturer et la transformer. Faire germer l’expérience religieuse, cela reviendrait à transformer cette expérience en objet de jouissance.

Nous avons vu que dans la bible la gestation est considérée comme une malédiction,  comparée au désir de possession du mauvais penchant. Alors comment la torah peut-elle nous demander d’entretenir une relation maternelle avec la religion ou le divin?

Cette question fait écho à une autre question parelle. La Mishna dans les maximes des pères dit : (chapitre 5, Mishna 16) « tout amour qui dépend d’une chose, lorsque la chose disparait l’amour disparait aussi. Alors que l’amour qui ne dépend pas d’une chose, reste constant éternellement »

Ailleurs le talmud dit (Pessahim 50, Sotah 22) «l’homme doit toujours s’occuper de la torah et des mitsvot même si il le fait par intérêt, par ce qu’à force de la faire avec intérêt, il viendra à l’accomplir sans intérêt. »

La Mishna semble dire que dans la relation à l’autre, l’intérêt nous masque l’autre. On ne peut pas espérer aimer tant que l’on est intéressé dans sa relation. Par contre dans la relation à la torah, l’intérêt a pour vocation d’être dépassé, pour nous permettre d’arriver à une relation plus authentique. 

Il y a lieu  de s’interroger sur cette distinction que le talmud fait entre les relations à l’autre et la relation a la torah, pourquoi dans la relation a la torah l’intérêt a pour vocation de disparaitre, alors que dans la relation à l’autre, c’est l’autre qui disparait au profit de l’intérêt ?

A première vue la Mishna dans les maximes des pères semble ne pas se vérifier dans l’expérience  quotidienne. La plus part des gens qui se marient, se sont maries pour des raisons intéressées plus ou moins avouables. Souvent c’est à force d’éprouver du plaisir sexuel avec quelqu’un, que l’on commence à éprouver un sentiment d’attachement avec lui.

La plus part des relations d’amour ou d’amitié, semble évoluer dans la dynamique décrite au sujet du rapport à la torah, d’abord on établit une relation intéressée, puis par habitude, ou par la force des choses la relation devient désintéressée.

Quel est donc alors le sens de la Mishna dans « les maximes des pères »?

Avant de répondre à cette question, je vais faire une ultime remarque. Le roi Salomon dit dans l’ecclésiaste qu’il trouve la femme plus amère que la mort, qu’il n’en n’a pas trouvé une sur mille qui vaille le coup. Alors comment comprendre qu’il se soit marie lui-même avec plus de milles femme ? Comment comprendre que la bible dise à son sujet « que les femmes ont détourné son cœur » ?

D’une manière plus général, on se rend compte que plus un homme multiplie les relations avec les femmes, plus il sera enclin à les dénigrer. Ce qui ne va pas l’empêcher de tenter une nouvelle relation dans la seconde qui suit, bien au contraire !

Le même est vrai chez les femmes, ce sont les femmes a hommes qui sont le plus rapide à dire « ah les hommes c’est vraiment nul ! » pourquoi ?  est-ce de l’hypocrisie ?

Pour répondre à ces questions, je vais recourir à un exemple.

Pour que l’exemple soit lisible je dois d’abord donner quelques définitions.

L’amour est un jeu.

Le jeu est important pour l’homme par ce qu’il lui permet de s’adapter d’absurde.

Le monde parait absurde a l’homme, ce sentiment est difficile à supporter, le jeu est aussi une absurdité, mais il est une absurdité apprivoisée, voulue, plaisante presque virtuelle.

En jouant l’homme apprend aimer sa vie et a l’accepter.

Le rapport au savoir et à la religion est aussi essentiellement ludique. Lorsqu’un homme ne joue pas lorsqu’il pense ou lorsqu’il prie, il ne prie, ou il ne pense pas vraiment. Penser sans jouer c’est tricher, par ce que c’est nier l’absurdité de la condition humaine.

Ceci dit, on peut expliquer la différence entre les relations humaines et la relation à la torah en comparant ces deux types de relation a deux jeux de hasard.

Dans la relation à l’autre l’homme ressemble à un homme qui joue à la loterie. Lorsqu’un homme joue à la loterie, il sait qu’il a très peu de chance de gagner le gros lot.

Il achete son ticket pour pouvoir rêver et se donner l’impression qu’il peut espérer devenir riche. Lorsqu’il se rend compte qu’il a perdu, il n’est pas trop déçu,  il se dit « je n’ai perdu que deux ou trois dollars, cela ne fait aucune différence dans ma vie ».

Or, ce sentiment de soulagement, ou il se dit « de toutes les manières ce n’est pas grave ce n’est qu’un jeu, je n’ai pas perdu grand-chose », c’est la véritable satisfaction du jouer de loto.

Le joueur de loto est satisfait de pouvoir perdre, et de pouvoir survivre à sa perte. C’est là où il ressent qu’il ne fait que jouer, et que par la même, il peut s’adapter à l’absurdité de la vie.

C’est pour cette raison que le roi Salomon dit que les femmes sont plus amères que la mort et qu’il continue malgré tout à s’enliser dans de nouvelles relations plus calamiteuses les unes que les autres, par ce que la véritable satisfaction de l’homme a femme, c’est de survivre à la rupture. (Ceci est surement encore plus vrai chez les femmes à homme.)

Les survivants de la Shoa aiment raconter leur histoire, à chaque fois qu’ils la racontent, et qu’ils la finissent, ils se disent « de toutes les manières, on s’en est sortie, ce n’était donc qu’un jeu ».  Grace au récit, La Shoa n’est plus une expérience traumatisante, c’est une histoire que l’on peut raconter et répéter, donc que l’on peut survivre. D’une certaine manière raconter son traumatisme est tranquillisant, par ce que le récit inscrit l’expérience dans le domaine du jeu.

La vie est une expérience  absurde, mais les relations humaines transforment l’absurdité de l’expérience en un récit, c’est-à-dire, en un jeu.

Comme le dit Cyriulnick, souvent les femmes seuls mangent mal et rapidement, par ce que se nourrir leur parait absurde, mais une femme mariée passe souvent du temps à la cuisine, par ce qu’en préparant les repas elle construit une histoire d’amour avec son conjoint ou ses enfants. A travers la relation à l’autre les repas prennent sens et deviennent récit et jeu.

Le récit de l’amour n’a pas de sens rationnel, c’est un jeu, une absurdité, mais c’est une absurdité apprivoisée et virtuel. L’amour de l’autre transforme la masse informe et lourde de la matière en un récit ludique à peine palpable.

On peut comparer la religion à un autre type de jeux. Au jeu du black jack, ou de la roulette. Être religieux c’est comme être assis à une table de black, en doublant la mise à chaque donne, pour être sure d’être gagnant à la fin.

On commence par aller à un cours de torah, on trouve ça intéressant, par curiosité on commence à faire Chabat avec ses amis, et plus on s’investi, plus la religion s’incarne en nous.

L’amour de la religion c’est transformer un récit ludique et abstrait, le texte de la bible ou du talmud, en une expérience charnelle, alors que l’amour de l’autre c’est transformer l’expérience charnelle en un récit ludique et abstrait.

C’est pour cette raison que la Mishan dit au sujet de la torah que l’amour intéressé se transforme en amour désintéressé, par ce que l’investissement que l’on fait dans la religion, nous oblige à incarner le texte en nous-même quel que soit la motivation de l’investissement. Plus on investit, plus on s’investit.

Alors que dans la relation à l’autre, lorsque l’intérêt disparait le récit disparait, puisque au fond, dans l’amour, ce que l’on cherche c’est à échapper au poids écrasant de l’investissement de la vie. L’amour est en fait une réaction à l’instinct maternel, on aime pour ne pas englober l’autre.

La dynamique amoureuse est avant tout une dynamique de résistance à l’investissement de soi en l’autre. Le récit romantique est la structure qui organise cette résistance et qui la rend possible.

(Le SM, n’est pas une perversion de l’instinct maternel, c’est le point aveugle qui permet l’articulation du récit romantique.)

Le rituel de chemini atseret a raison de comparer le rapport au divin a la gestation maternelle, par ce que le rapport religieux est un investissement de soi dans D.

3. La maternité comme mouvement dialectique.

Dans la mehiltah,  (rashbi 13 21 ; rabbi Ismaël bechalah « vayehi petihatah), et dans le sifri beaaloteha, il est écrit que le peuple d’Israël été entouré de sept colonnes de nués. Une au-dessus d’eux, une en dessous, et quatre autres correspondant aux quatre points cardinaux. Les juifs semblaient englobés dans la colonne de nué, comme un enfant dans le ventre de sa mère.

Nahmanide dans son commentaire sur a torah (deut. 22, 6) Explique d’une manière énigmatique, que les sept jours de Soucoth correspondent aux sept jours ou la mère couve ses poussins, et que le huitième jour il faut rejeter la mère, c’est-à-dire, sortir de la Soucah, pour pouvoir prendre les enfants qui sont les sept jours de Soucoth. Il n’empêche que la Soucah comme les colonnes de nuées du désert représentent d’une certaine manière,  la gestation maternelle.

Il semble donc que les juifs étaient complètement englobés dans la colonne de nuée. Pourtant,  dans la parasha de bechalah on peut lire les versets suivants : « Les Égyptiens reconnaîtront que je suis l'Éternel, quand j'accablerai Pharaon, ses chars et ses cavaliers." 19 Le messager de Dieu, qui marchait en avant du camp d'Israël, passa derrière eux, la colonne nébuleuse cessa d'être à leur tête et se fixa en arrière." 20 Elle passa ainsi entre le camp égyptien et celui des Israélites: pour les uns il y eut nuée et ténèbres, pour les autres la nuit fut éclairée; et, de toute la nuit, les uns n'approchèrent point des autres. Ces versets semblent indiquer que la colonne de nué ne faisait qu’aller au-devant des enfants d’Israël, et qu’il a fallu par la suite qu’elle se déplace pour qu’elle protège les hébreux à l’arrière. Or, si les colonnes de nuées étaient tout autour des juifs, on ne voit pas comment elle pouvait se déplacer d’avant en arrière. Selon la mehiltah se mouvement parait incompréhensible, puisque la nué était déjà omniprésente.

On peut proposer une réponse à la lumière du commentaire de Rashi. Il commente le verset cités en disant : « Elle vint entre le camp des Egyptiens : Cela ressemble à quelqu’un qui marcherait sur une route, précédé par son fils. Si des brigands font irruption, il prendra son fils et le placera derrière lui. Si des loups viennent par-derrière, il le mettra devant lui. Si des brigands viennent par-devant et des loups par-derrière, il le prendra dans ses bras et se battra contre eux (Mehiltah). De même, « et moi, j’ai conduit Efraim, Il les a pris sur Ses bras » (Hoché ‘a 11, 3).

Il est possible que les colonnes de nuées n’aient entourées les enfants d’Israël qu’en réaction au danger que représentaient le désert, la mer rouge et  les égyptiens. La protection divine est toujours proportionnelle et réactive au danger que l’homme encoure. Si l’homme est dans un grand danger, alors, il reçoit une protection gigantesque, mais si l’homme n’est pas en danger, la protection divine diminue en fonction.

Il est intéressant de remarquer, que ces à partir de ces trois versets de bechalah que l’on déduit l’attribut de D auquel on s’adresse lorsque l’on prie a Soucoth. (cf. Soucah 45a) le nom « Ani va hou ». Ce nom « Ani va hou » est le nom matriciel par excellence, par ce qu’il signifie que l’on fait un avec D, ou que D fait un avec nous.

Pendant les sept jours de Soucoth on offre 70 sacrifices qui correspondent aux 70 nations qui entourent Israël. Le Chem Mishmouel explique que c’est pour cette raison que l’on doit rester dans la Soucah pendant cette période, puisque l’on doit se protéger de l’influence des nations.

Ailleurs le midrash dit que lorsqu’Israël est sorti d’Egypte c’était comme un bébé qui sort du ventre de sa mère.

Tous ces textes nous montrent que la maternité est double, l’homme a toujours deux mères.

L’Egypte est une mère, mais les colonnes de nuées en sont une autre. Les nations sont une mère, mais la Soucah en est une autre.

Il y a en fait la mère naturelle, et l’autre mère qui est la société dans laquelle il veut s’intégrer.

Moise a deux mère, une mère juive, Yocheved, qui le singularise qui le pousse à se définir entant que singularité, et une mère égyptienne, Bityah, qui le pousse au contraire à s’intégrer socialement.

 (C’est peut-être par ce que Moshe déjà une « mère sociale », qu’il n’a pas besoin de femme, puisque la femme, c’est souvent la « mère sociale »; la torah appelle (deut 23,3) avoir des relations sexuelles «s’intégrer dans l’assemblée de D »).

Tous ces midrashim montrent que l’individu perçoit le rapport à la maternité comme un mouvement dialectique ou il balance entre l’intégration sociale et l’affirmation de lui-même.

Paradoxalement, en superficie, la mère naturelle va toujours chercher à intégrer ses enfants socialement, alors que la société va toujours pousser l’homme à se singulariser.

Pourtant c’est toujours le résultat opposé qui est obtenu, plus la société énonce un discours valorisant la singularité, plus elle détruit l’individualité, et plus la mère va pousser l’enfant  a l’intégration plus elle va le pousser à se singulariser.

Ce phénomène s’explique du fait que c’est pour l’homme un effort d’exister en tant que singularité. La volonté de se singulariser n’existe que comme réaction de résistance à la force maternelle qui cherche à l’intégrer.

 Comme la bible le dit, la dynamique du rapport maternel est à l’image de la dynamique du bon penchant qui n’est qu’une réaction au mauvais penchant.

Si la société est totalitaire et fasciste, alors, paradoxalement,  l’individu va éprouver le besoin d’exister et de se distinguer en opposition à la société, en affirmant sa différence et son originalité. De même, plus une société  est « libre » et favorise l’expression personnelle, en acceptant l’individu tel qu’il est, plus l’individu aura envie de se fondre dans la masse sans se singulariser.

C’est pour cela, que lorsque la mère naturelle pousse l’enfant à s’intégrer socialement, elle arrive souvent au résultat contraire, vu que l’enfant développe sa personnalité en s’opposant à sa mère.

Ce qui est important pour le développement de l’individu c’est que les deux mères, la « mère familiale » et la « mère sociale », ne se  confondent pas, qu’elles ne correspondent pas exactement.

Il faut que l’enfant sente un décalage entre le discours maternel et le discours sociale environnant.

L’enfant  cherche toujours le décalage existant entre le milieu social et le milieu familial, (c’est pour cela qu’il se moque de sa famille et de ses parents), car c’est dans ce décalage qu’il trouve l’espace où il peut évoluer.

 Si ce décalage n’existe pas, il cherche à le créer lui-même, ou alors il se révolte violement contre la société et sa famille.

Quoi qu’il en soit le rapport maternel n’est pas un rapport unidirectionnel c’est un rapport bi directionnel et dialectique.  L’homme est polarisé par l’influence  deux mère, et des qu’il cherche à sortir du ventre de l’une, il rentre dans le ventre de l’autre.

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