Les causes de l'exil en Egypte
1- L'exil en Egypte est annoncé à Avraham
Dans la Genèse après le récit de la guerre d'Avraham contre les quatre rois qui avait capturé Loth, la torah nous raconte l'Alliance entre les morceaux faite à Avraham. Dans ce passage D demande à Avraham de prendre des animaux et de les couper en deux, ensuite D se manifeste dans un feu qui passe à travers les morceaux des animaux. Lors de cette alliance D annonce à Avraham qu'il sera le patriarche de nombreuses nations et que ses descendants seront les possesseurs de la terre d'Israël. Mais dans cette même vision D annonce aussi que la descendance d'Avraham sera asservie en Egypte pendant 400 ans. Le talmud (Nedarim 32a) déduit donc d'ici que les causes de l'exil sont à chercher dans le comportement d'Avraham et dans ces passages de la Genèse.
2- Les trois avis du talmud nedarim 32a. L’avis de rabbi Abahou.
Le talmud propose trois interprétations de la faute d'Avraham qui aurait causé l'exil. (Tous ces avis sont commentés dans la vidéo, pour le résumé que j'écris présentement, je vais me borner à expliquer rabbi Abahou, par ce que j'ai la flemme et que j'ai trop bu hier soir aux fiançailles de Yonathan). Le premier avis est celui de rabbi Abahou, rabbi Abahou dit qu'Avraham a été puni par ce qu'il a pris comme mercenaire des talmidei hahamim, c'est a dire ceux qui étudiaient la torah pour faire la guerre contre les quatre rois, comme le verset dit qu' "Avraham a vidé ses étudiants qui grandissaient chez lui" pour faire la guerre. Le talmud par ailleurs dit qu'Avraham a vidé les étudiants de leur étude en en leur proposant beaucoup d'or pour aller faire la guerre avec lui.
Le maharal remarque que le talmud ne reproche pas à Avraham d'avoir pris des soldats pour faire la guerre, car nous savons que l'on ne doit pas compter sur un miracle, mais on reproche à Avraham d'avoir choisi comme mercenaires ceux qui étudiaient la torah.
Le talmud pense qu'Avraham aurait du chercher à prendre les meilleurs mercenaires possible pour faire la guerre, c'est à dire, qu'il aurait du choisir les soldats de métier, et ne pas prendre ceux qui étudiaient la torah.
Pourquoi Avraham a-t-il choisi comme soldats ceux qui étudiaient la torah?
Il semble, qu'Avraham voulait les soldats les plus méritants et les plus justes pour avoir plus de chance de gagner la bataille. Avraham a préféré faire confiance à des forces surnaturelles plutôt que de suivre jusqu'au bout le chemin de la nature. Selon cet avis, on comprend que l'exil d'Egypte avait pour but de montrer la manifestation de D à travers les lois même de la nature. Car c'est à travers la nature elle même que D se dévoile dans les plaies d'Egypte.
3- Dans l'Exode D se manifeste à travers l'existence même du monde.
Le tétragramme (qui est un nom de D) "celui qui existe" symbolise la manifestation de D à travers la nature.
Dans la parasha de la semaine, la torah commence par dire que D ne s'est pas dévoilé dans son nom "d'existant" ("le tétragramme") aux patriarches.
La torah nous dit que D s'est dévoilé aux patriarches dans son nom de "D qui arrête", celui arrête les forces de la nature pour les sublimer. Par contre dans l'Exode c'est à travers les forces de la nature que D va faire des miracles. Dans l'Exode D va montrer qu'il s'exprime à travers le mouvement de la nature et de l'histoire, sans qu'il y ait besoin pour l'homme de transcender la nature par un dépassement spirituelle.
4- L'étude est la véritable libération de l'homme
Il semble que pour Avraham l'étude devait aboutir à une action morale, toute recherche théorique devait s'exprimer dans le monde de l'action, c'est pour cela qu'il a vidé les étudiants de la torah du Beth Hamidrash pour les utiliser comme soldats.
Pour Avraham, lorsqu'il y a une mitswah de libérer un prisonnier (Loth), alors, l'étude doit s'arrêter pour prendre sens dans l'action. Cela montre que pour Avraham l'homme libre c'est celui qui a la capacité d'agir. Par contre, pour Avraham, celui qui s'enferme dans la méditation théorique est le véritable prisonnier "celui qui est emprisonné dans le Beth Hamidrash", (une expression courante du talmud). L'esclavage en Egypte était là pour montrer à Avraham que la vie réelle est aliénante pour l'homme, au début, les juifs travaillaient relativement peu en Egypte et ils étaient très bien payés, selon le midrash, Josef était même vice roi, puis, à cause de plusieurs décrets successifs de pharaon, petit à petit les juifs ont du travailler de plus en plus en étant payés de moins en moins, jusqu'à ce qu'ils deviennent totalement esclaves.
La véritable libération est venue par le don de la torah où les juifs ont du s'enfermer dans le monde de la théorie pure en errant dans le désert. Le message de la torah selon rabbi Abahou consiste à dire que c'est la spéculation théorique de l'étude de la torah qui permet à l'homme de s'évader de sa condition.
Sans l'exil les juifs auraient tendance à se réaliser dans l'action et la réalisation matérielle, l'exil est là pour rappeler aux juifs que la véritable liberté est ailleurs.
5- L'erreur est l'errance, et l'errance c'est la liberté
Celui qui est enfermé dans le Beth Hamidrash est condamné à se tromper. Toute recherche théorique pure qui se base sur une situation fictive est condamnée à être erronée. Il est symptomatique qu'en argot yiddish lorsque l'on voulait dire "un imbécile" on disait "a yeshivah bahour" un étudiant en yeshivah. Pourtant, les sages ont toujours pensé qu'il fallait s'isoler dans l'étude au moins pendant une période de sa vie, ainsi le midrash dit qu’Avraham était un vieux qui étudiait à la yeshivah, Isaac était un vieux qui étudiait à la yeshivah etc... Le but de cette étude n'est pas d'atteindre la vérité, ce n'est pas de cette manière que l'on peut l'atteindre.
Comme on ne peut pas apprendre à cuisiner uniquement en lisant des livres de cuisine sans jamais toucher une casserole, de la même manière, on ne peut pas atteindre la vérité de la torah uniquement à travers des livres de torah. Le but de l’étude théorique est de libérer l'homme de sa condition d'esclave, or la libération passe par l'erreur.
6- Erreur et subjectivité
L'homme a besoin d'un système théorique rationnel pour assoir sa subjectivité et sa liberté. Sans la foi inébranlable dans un système rationnelle théorique structuré la personne s'effondre psychiquement. L'homme, pour exister, a besoin de croire profondément dans un système cohérent de valeur. Mais, paradoxalement pour que la subjectivité de l'individu reste libre, singulière et personnelle il faut que le système théorique soit basé sur une erreur. (Dans le monde des sciences, on retrouve ce même schéma, car tout principe théorique abstrait sur lequel se base n'importe quelle science (mathématique, physique) est en lui même la limite de cette science. L'abstraction est une erreur nécessaire à la construction scientifique.)
L'erreur peut se marier à la cohérence rationnelle grâce la recherche théorique pure, c'est à dire dans l'étude de la yeshivah.
Lorsque la rationalité ne se confronte pas au monde réel, elle admet l'erreur. L'étude dans la yeshivah est une étude qui permet de systématiser une erreur et de la structurer. C'est dans ce sens que l'étude est une libération, car c'est grâce a ce système cohérant mais faux que l'homme peut se libérer de l'aliénation matérielle du monde et qu'il peut retrouver une liberté dans l'action et dans l'interprétation de sa vie.
(Si vous n'avez pas compris la fin c'est normal, j'ai écrit ca pour les tarés.)
A part ça ce résumé n'a que très peu de rapport avec le cours que j'ai donné et qui se trouve sur la vidéo.
Dans le résumé de la semaine dernière (Chemot) a la fin il y a des questions réponses qui ont été rajoutés juste avant le chabath américain de la semaine dernière. Ces questions réponses clarifient les passages obscures du cours de la semaine dernière et résument ce même cours.
Si vous voulez plus de renseignement sur le passage de Nedarim 32a cité ici et dans la vidéo du cours, je vous conseille ce lien qui donne un résumé de la lecture du maharal de ce texte
Dans le gevouroth Hashem.
Je me suis moi même assez écarté de la lecture du maharal de ce texte, car j'ai été surpris par le fait que le maharal pense qu'Avraham ne voulait pas faire de prosélytes, alors que les midrashim sont pleins au contraire d'histoire d'Avraham propageant la foi et le monothéisme.
L'idée du maharal qui consiste à dire que la foi en une promesse est une preuve de puissance, me parait tendancieux, pourquoi ne pas dire, qu'on contraire, la puissance et la rigueur donnent à croire que la promesse dépend des mérites, alors que la grâce ne fait pas dépendre la promesse des mérites.
Lorsque le maharal dit que les talmidei hahamim ont suivi Avraham par ce qu'ils avaient plus foi en Avraham qu'en D, parait ne pas être assez cohérent avec le texte du talmud qui dit qu'Avraham à du payer beaucoup d'or à ces talmidei hahamim pour qu'ils le suivent.
Toutes réponses à ces questions sont plus que bienvenues et très attendues
Chabath chalom
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