Les miroirs des armées
ou les femmes et la morale
Dans la parasha de la semaine, la torah nous parle "des miroirs des armées que les femmes avaient entasses a l'entrée de la tente d'assignation". Rashi, pour expliquer le sens littéral du verset est oblige de citer le midrash que voici. Les femmes ont voulu apporter leurs miroirs en cuivre pour la construction du temple portatif du désert, cependant Moshe ne voulait pas les utiliser, car les miroirs sont l'instrument des mauvais penchants, c'est pour cela que ces miroirs se sont retrouves entasses devant la porte de la tente d'assignation, mais Hashem a dit a Moshe "prend les! Par ce que c'est miroirs sont pour moi plus aimes que tout! Par ce que c'est grâce à ces miroirs que les filles d'Israël ont fait naitre des armées de juifs en Egypte". C'est pour cela que les miroirs sont appelles les miroirs des armées.
Le midrash continue en expliquant que, quand les maris finissaient leurs journées de travail épuisantes, ils n'avaient plus aucune énergie, et que les femmes allaient a leurs rencontre, le soir dans les champs et leur donnaient a manger et les excitaient avec les miroirs leurs faisant contempler leurs reflets, et elle disaient "regardes comme je suis plus belle que toi, puis finalement, ils faisaient l'amour dans les champs, en pleine nature comme dit le verset du cantique des cantiques "c'est sous les pommiers que je t'ai éveillé". Ensuite Rashi nous explique que ces miroirs en cuivre étaient utilisées pour faire le kiyor une sorte de bassin qui servait a l'ablution des mains et des pieds des prêtres lorsqu’ils servaient au temple, et a partir duquel on prenait l'eau pour faire boire la sotah, pour rétablir la paix conjugale.
Ce qui parait d'abord difficile dans ce midrash c'est que la raison pour laquelle Moshe n'a pas voulu accepter les miroirs, ce n'est pas parce qu'il pensait que la sexualité est condamnable, mais par ce qu'il pensait qu'elle n'avait pas sa place dans la tente d'assignation, la torah dit bien de ne pas "faire des marches sur l'autel pour ne pas dévoiler sa nudité dessus", c'est a dire que la torah ne voulait pas que le Cohen face de grand pas, pour ne pas dévoiler son sexe face aux pierres de l'autel, car la sexualité n'a rien a faire dans le rapport a d', c'est pour cela que dans les synagogues les hommes et les femmes ne prient pas ensembles ,or, sur ce point, D' n'a rien explique a Moshe, le midrash ne nous a pas expliquer , pourquoi ces miroirs ont leurs place dans la tente d'assignation qui servait d'abord spirituellement a lier le peuple avec D.
Une autre question c'est le report au miroir. Il est amusant de voire que dans le talmud et les midrashim il y a une dissymétrie totale dans le rapport a la sexualité et a l'image chez l'homme et chez la femme. En effet, si ici, le midrash semble juger très positivement le fait qu'une femme se regarde dans un miroir et qu'elle face attention a son image, il condamne ailleurs le fait
Qu’un homme se regarde dans un miroir. Le talmud de Jérusalem dit même que c'est un interdit de la torah, puisque la torah dit "un homme ne s'habillera pas comme une femme", or se regarder dans un miroir, c'est s'habiller comme une femme.
Cette même dissymétrie se retrouve dans le rapport à la beauté. Dans la bible toutes les femmes pieuses prophétesses sont décrites comme étant très belles, les matriarches sarah rivkah et Rachel sont décrites comme étant très belles, la beauté chez une femme et toujours regarde de manière positive dans le talmud. Le talmud dans ketouboth 59 b dit" une femme a pour vocation essentielle d'être belle," il dit aussi la bas "la femme ne peut avoir de sens que si elle porte des bijoux et des habits féminin”. Alors que pour l'homme, la beauté est toujours vue négativement dans la bible et dans le talmud. La torah nous parle de Josef comme étant beau, mais c'est a chaque fois vu comme une source de problème, le verset dit "et Josef fut beau de corps et d'apparence", et le talmud commente ce verset en disant qu'a chaque fois que le mot "fut" est employé dans la torah c'est un langage de malheur. Le talmud dans taanith 6b dit "que plus un homme est beau plus il est bête", le midrash dit "si un homme fait attention a ses habits il est déjà dans le mauvais chemin".
Cette dissymétrie du rapport à l'image et au corps se retrouve encore, de manière un peu moins nette cependant, dans le rapport a la sexualité. Le talmud dans chabath 62 raconte avec beaucoup de détailles les stratégies que les femmes mariées utilisaient en s'habillant et en se parfumant, en marchant et jouant avec le regard, pour attirer l'attention des jeunes hommes célibataires, afin de tromper leurs maris, évidement, le talmud condamne cette conduite, mais Rashi, et tout les autres commentateurs, disent que cette conduite n'est condamnable que chez une femme mariée, pas chez une femme célibataire.
Il semblerait qu'il n'y est rien de négatif pour une femme à passer sa journée en discothèque à draguer. Alors que pour un homme, ne serait ce que de penser au sexe, est vu comme la pire des choses, le talmud dit dans nidah "tout celui
Qui a une pensée impure est appelle mauvais”, le talmud dans nedarim dit même, que pour un homme marie, le niveau ultime de sainteté est de ne pas avoir de plaisir dans les rapports sexuel avec sa femme, cette avis n'est jamais mentionné pour la femme. Au contraire le talmud dit une femme qui prend l'initiative d'avoir des rapports sexuels avec son mari et qui cherche à les provoquer méritera d'avoir des enfants saint et érudit en torah. Le lesbianisme n'est pas clairement interdit dans la torah, alors que l'homosexualité masculine est passible de peine de mort! Comment comprendre ce rapport si dissymétrique que la torah entretient entre la sexualité et le rapport au corps chez la femme et chez l'homme?
Dans le traite de sotah 20 a la Mishna rapporte différents avis en ce qui concerne le mitswah d'enseigner la torah a sa fille, un des avis et celui de
rabbi yehoshua qui dit que "`puisqu'une femme préfère avoir un kav (une quantité de blé) et une sexualité active -"tiflout" ( le mot "tiflout" est un concept difficilement traductible ce n'est pas la sexualité a proprement parle c'est tout ce qui tourne autours d'elle), plutôt que 9 kav et de l'ascétisme" (prishout -veut dire séparation de la matérialité ), il est donc interdit a un père d' enseigner la torah a sa fille". (Interprétation de la gemarah)
Cette pensée est difficile à comprendre pour deux raison. La première étant que le talmud considère toujours la sexualité masculine comme plus passionnée que la sexualité féminine, le talmud dit "regardes dans les marches qui paye qui", alors pourquoi considérer la femme comme plus nymphomane qu'un homme au point de lui interdire pour cela d'étudier la torah.
De plus, le talmud considère toujours l'étude de la torah comme un moyen positif d'orientation de la sexualité vers quelque chose de sacré et de constructif, plus un homme a de désir sexuel, plus il doit s'orienter vers l'étude, le talmud dit "si le dépravé (qui est en toi) te rencontre, amènes le a la maison d'étude!", même si on disait que la femme a plus de désir sexuel que l'homme, on devrait dire que justement a cause de cela, a plus forte raison, elle doit étudier la torah pour endiguer ses désirs et se définir une morale forte. Alors quel est le sens du ce passage du talmud?
Pourquoi le talmud met il en opposition dans la psychologie féminine le rapport a la possession "la quantité de blé engrange", ce qui représente la sécurité financière, et le rapport a la sexualité chez la femme, la plus part des femmes ne voient pas d'opposition entre les deux sentiments, mais bien au contraire une complémentarité entre les deux.
Pour qu'un homme puisse comprendre ces passages de la torah qui parle de la
femme, la seule stratégie possible c'est de commencer a analyser le processus de sublimation de la sexualité chez l'homme par la torah, pour ensuite réfléchir par l'absurde et voir pourquoi ce mécanisme ne peut pas s'appliquer chez la femme.
L'étude de la torah sublime la sexualité masculine dit le talmud mais comment?
On sait que chez l'homme a sexualité se passe en 2 temps: 1 l'érection 2 l'éjaculation. Baudrillard a eu l'idée géniale de voire ici les prémisses de la structure du raisonnement de cause à effet. L'homme dans sa sexualité cherche l'accomplissement d'un but, en fait il crée un scenario qui a pour but l'accomplissement de quelque chose qui le dépasse et qui reste extérieure à lui.
Il n'est pas du tout évident que la sexualité soit la base première du raisonnement causal, la torah semble penser le contraire, l'homme recherche un raisonnement causal, c'est a dire a arriver a un but, un dépassement, grâce a des causes, et c'est pour cela qu'il crée le fantasme sexuel.
Cette même recherche de but et de dépassement est exprimée dans l'étude de la torah, ou l'homme cherche un effet grâce à des causes. Il pose un scenario qui va trouver un effet dans son développement, on pose des questions, on mélange les pièces d'un puzzle que l'on regarde une a une, pour ensuite a travers un scenario leur donner un nouveau sens un nouvel effet, un dépassement qui se réalise en dehors de nous. C’est de cette manière aussi que fonctionne le développement mathématique, les raisonnements du talmud, la composition musicale etc.
D'autre part le talmud met constamment en relation le rapport a la connaissance (et le rapport a l'autre) chez l'homme avec le concept d'acquisition, l'homme acquiert une femme il acquiert un ami, il acquiert la torah.
L'acquisition chez l'homme c'est l'idée de dépassement de soi vers quelque chose qui n'est pas soi, c'est l'aboutissement a un effet, l'acquisition c'est l'éjaculation le sperme qui sort en dehors.
Le talmud considère la femme étrangère a l'idée d'acquisition, pour le talmud la femme n'est pas intéressée par le stock de blé, elle veut de la promiscuité. Si on regarde bien on trouve très souvent que dans les midrashim la louange de la sexualité féminine est toujours liée a la confiance en la vie, surtout lorsque par la logique tout est perdu. On voit chez la reine ester qui dit" je vais tenter, de toutes manières tout est perdu" On le voit dans le midrash qui loue le caractère des femmes juives en Egypte, qui veulent avoir des enfants alors que cela n'a aucun sens vu la dureté de l'asservissement aux égyptiens. On le voit aussi avec Miriam qui demande à son père de se remarier pour qu'il puisse au moins avoir des filles. La torah voit l'homme perdu lorsque la logique est perdu c'est la femme qui peut le sauver.
En fait la sexualité masculine de la cause à effet crée une angoisse, et lorsque le futur s'assombrit, l'homme ne peut pas établir une morale en période de crise, son héroïsme et limite face a celui de la femme comme le montre le passage de Devorah avec Barak.
Par opposition quand le talmud interdit a un père d'enseigner la torah a sa fille, le talmud veut dire que vouloir donner a la femme la volonté d'avoir un but, et de chercher un effet, a l'image de l'homme, ce qui est la nature essentielle de l'étude de la torah, c'est l'assujettir par la même aux valeurs et aux jugements des autres, et la rendre dépendante des valeurs du monde, et par la même de nature hystérique et masochiste.
Ce que le talmud veut dire dans sotah c'est que la femme ne se sent pas indépendante lorsqu'elle possède, c'est a dire qu'elle ne se réalise pas a travers un effet extérieure a elle, mais bien plus, lorsqu'elle se sent en harmonie avec son corps, et qu'elle l'habite pleinement, non pas, parce que le corps lui donnerait de la valeur au yeux des gens, ce qui est un retours a la recherche d'un effet et donc le début de l'hystérie, c'est a dire le retour a la dépendance de l'autre, mais parce que l'amour de son corps lui permet de s'harmoniser avec le monde, et lui permet de s'affranchir du jugement des autres.
Ma femme, déduit de la terminologie employée dans la Mishna cite dans sotah, qui interdit au père d'enseigner la torah a sa fille, que cette interdit est sur le père uniquement mais pas sur le mari, ce que le talmud veut dire c'est que le rapport pervers que la femme peut avoir avec la torah est lie a l'autorité du père, et a la morale absolue qui émane du monde qu'il représente. Qu'est ce que cela veut dire?
Cela veut dire, que le talmud pense que la femme ne peut pas accepter de manière saine une morale qui vienne de l'extérieure, comme l'autorité du père, (qui est maintenant remplace par l'autorité des journaux de mode.) Toute morale venant comme imposée de l'extérieure aurait un effet pervers sur la femme, et rendrait la femme hystérique, c'est à dire que la femme chercherait l'amour a travers l'interdit, elle chercherait a ce qu'on lui impose un discipline pour aimer.
Or, cette relation homme-femme de nature sado masochiste doit être évitée le plus possible selon le talmud, l'hystérie, qui est toujours liée a la morale, est vu comme une maladie mentale et une perversion chez la femme, pas comme un état naturel.
Mais le talmud pense que la seule manière de fuir cette relation hystérique, sado masochiste pour la femme, c'est d'aimer son corps de le trouver beau, de vivre en harmonie avec lui, et d'avoir confiance en lui, pour le talmud, une femme qui n'accepte pas son corps et qui ne l'aime pas, devient automatiquement dépendante des autres moralement et par la même pervers et sado masochiste.
Une femme pour être juste doit être moralement indépendante et cette indépendante morale ne peut venir chez la femme que dans un rapport d'amour narcissique au corps.
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Une femme qui ne sentirait pas belle deviendrait tout de suite un fardeau pour son entourage. L'idée de Lacan comme quoi la femme cherche essentiellement à recevoir des compliments est une erreur fondamentale, la femme qui vit bien son corps, se suffirait de son propre jugement, et, par son propre jugement narcissique la femme doit être capable de trouver une Independence face au regard des autres. (La mode c'est une désappropriation du corps de la femme, c'est un viol) Cette Independence rend selon le talmud la femme automatiquement proche de d', car pour la femme prendre conscience de son corps c'est du même coup prendre conscience du regard de D, c'est pour cela que les miroirs des femmes ont leurs place dans la tente d'assignation.
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