Le paradoxe dépressif
Au début de la parasha Jacob s’adresse à D, en disant la chose suivante : « Puis Jacob dit "O Divinité de mon père Abraham, Divinité d'Isaac mon père ! Éternel, toi qui m'as dit : ‘Retourne à ton pays et à ton lieu natal, je te comblerai ;’ 11 je suis peu digne de toutes les faveurs et de toute la fidélité que tu as témoignées à ton serviteur, moi qui, avec mon bâton, avais passé ce Jourdain et qui à présent possède deux légions. ». Dans ce passage Jacob semble, heureux et comblé par les bienfaits de D.
Ce passage est tout à fait contradictoire à un autre passage, ou, le même Jacob s’exprime en parlant à pharaon en disant ce qui suit : « "Le nombre des années de mes pérégrinations, cent trente ans. II a été court et malheureux, le temps des années de ma vie et il ne vaut pas les années de la vie de mes pères, les jours de leurs pérégrinations." » dans ce passage Jacob semble se plaindre, et dire qu’il a eu une vie courte et mauvaise.
En réalité ces sauts d’humeur, entre un contentement extrême, ou une amertume extrême sont courants chez tous les êtres humains, mais il serait intéressant de chercher à comprendre, quel est la cause de ces mouvements. Comment se fait-il que l’on puisse passer, d’un état de bien être extrême, a un état de dépression extrême. Quelles sont les lois et les raisons profondes qui régissent ces oscillations.
Le midrash (Rabah Albak, Berlin 1939) juge sévèrement les plaintes de Jacob lorsqu’il s’adresse à pharaon, le midrash dit en effet : « Le nombre des années de mes pérégrinations, cent trente ans. II a été court et malheureux, le temps des années de ma vie. Rabi Ami Aba fils de Kahana, dit (D a pensé, « entre toi et moi tu dis « je suis trop petit pour les bienfaits » et lorsque tu parles aux autres tu dis « courtes et mauvaises » ! ». Rabi chimon bar yohay dit puisque Jacob c’est plaint de sa vie en utilisant 33 lettres, c’est pour cette raison que l’on a enlevé de sa vie 33 ans. »
D’autres midrashim sont encore plus sévères, et ils interprètent cette phrase de Jacob comme une rébellion contre D. dans cet autre midrash on peut lire ce passage édifiant ou Hachem aurait répondu a Jacob « est ce que je t’ai fait du mal ne serait-ce qu’une foi ? » c’est a ce sujet que le verset dit Isaïe ( 40 27) « Pourquoi dis-tu, ô Jacob, t'écris-tu, ô Israël: "Ma voie est inconnue à l'Eternel, mon droit échappe à mon Dieu?" », puis le midrash cite le verset de job, « Pourquoi octroie-t-on la lumière au misérable, et la vie à ceux dont l'âme est pleine d'amertume, 21 qui appellent de leurs vœux la mort, qui les fuit, et la cherchent plus avidement que des trésors, 22 qui ressentent des transports de joie et sont dans l'allégresse, dès qu'ils obtiennent une tombe; 23 à l'homme enfin dont la destinée est voilée et que Dieu a confiné comme dans un enclos? ».
Ce même midrash compare Jacob a la génération du désert qui au lieu de remercier D, se plaint constamment. Jacob est aussi comparé à Adan qui s’est plain de sa femme au lieu de remercier D pour sa présence. Abraham est aussi incriminé par ce midrash, par ce que lorsque D lui promet une grande récompense pour ses mérites, il répond à D, au lieu de le remercier, « que peut tu me donner, tout ce que tu me donne n’a pas de valeur. »
Cependant le midrash continue en notant malgré tout, deux points positifs, le midrash explique que c’est par le mérite de cette plainte de Jacob que D a donné la manne a ses enfants et qu’il leur a donné aussi le puit qui les a suivis dans le désert. Le midrash compare la relation de Jacob avec D, a celle d’un gendre avec son beau-père, lorsque le gendre se plaint de son beau-père, le beau-père répond en disant « le ciel et la terre seront témoin que je ne te veux aucun mal », (puisque le ciel et la terres sont les intermédiaires entre l’homme et D) ainsi, le ciel a fait tomber la manne pour prouver à Jacob, que D est plein de miséricorde et la terre a donné le puit pour prouver la même chose. Ensuite le midrash note que Jacob a fait techouvah avant de mourir lorsqu’il a dit cette phrase en bénissant sont fils Dan « j’espère en ta délivrance, D !»
Ce second midrash (Agadat Beréchith Venise 1618, chapitre 62) compare donc la relation de Jacob a D, a celle de son beau-père Lavan, de même que Lavan est hypocrite, il dit une chose mais il en pense une autre, de même lorsque Jacob parle a D dans notre parasha et qu’il le remercie de tout ses bienfaits, en fait, il pense que ces années ont été mauvaise et il en veut à D de lui avoir donner une vie aussi dure.
Ce n’est que sur son lit de mort, que Jacob arrive véritablement à avoir une relation honnête avec D, lorsqu’il se rend compte que Samson ne sera pas le messie, et qu’il crie « c’est en ta délivrance que j’espère D !»
Pourtant d’une certaine manière, Jacob n’est pas vraiment puni de son rapport hypocrite à D, au contraire dans notre parasha D écoute sa prière, et par la suite ses enfants vont recevoir la manne dans le désert et le puit d’eau qui les suivait partout, comme si D voulait le récompenser de son hypocrisie, de même que la maison de Lavan est bénie, malgré sa malhonnêteté avec Jacob. Pourquoi ?
Le talmud dans le traité de Erouvin page 13 dit « pendant deux ans et demi, l’école de Hillel et celle de Chamay se sont disputés pour savoir, est ce qu’il aurait mieux valu pour l’homme d’être créé, ou bien aurait-il été préférable pour lui de ne pas être créé, à la fin ils se sont mis d’accord et ils ont conclu, il est certain que pour l’homme il aurait mieux valu ne pas être créé, mais maintenant qu’il a été créé, il faut qu’il analyse ses actions »
Or, si en définitive, il aurait mieux valu pour l’homme de ne pas être créé, alors, on ne voit pas comment l’homme pourrait honnêtement être reconnaissant à D de lui avoir donné la vie.
Si on suit la logique du talmud, l’homme ne peut que se plaindre de son existence, l’homme ne peut aimer D que d’une manière artificielle et hypocrite. Toute la religion ne serait en fait qu’une mascarade, cherchant à masquer l’absurdité et la cruauté de la vie.
Si on relie ces paroles du talmud avec le passage précèdent du midrash, la religion et la prière seraient un rapport hypocrite à D qui aurait cependant l’avantage d’être récompensé par lui. Lavan est hypocrite, mais il est quand même béni, l’homme est hypocrite avec D, mais il sera quand même récompensé. Ceci parait étonnant et très pessimiste.
En réalité pour comprendre l’intention du midrash et du talmud, il faut s’attarder sur le début du midrash cité. Le midrash dit
« Pourquoi dis-tu, ô Jacob, t'écris-tu, ô Israël : "Ma voie est inconnue à l'Eternel, mon droit échappe à mon Dieu ?" » (Isaïe 40, 27), c’est à ce sujet que le verset dit « Pourquoi donc se plaindrait l'homme vivant, l'homme chargé de péchés ? » (Lamentations 3, 39). Rabi chemouel a dit « comment l’homme pourrait-il se plaindre devant « le vivant universel », qu’il regarde les fautes de ses mains ! c’est qu’il s’est renforcé sur ses fautes !» (Le verset des lamentations utilise deux fois le mot « l’homme », dans la première partie du verset le mot utilisé est « Adam », alors que dans la deuxième partie c’est le mot « gever », qui est utilisé. « Gever », dérive de la racine « guibor », « le fort » le puissant.)
En général on explique ce midrash en lisant la dernière préposition du texte avec un point d’interrogation, (Torah Temima ad hoc), le midrash devrait être traduit « l’homme peut-il se plaindre devant D ? s’est-il renforcé contre son mauvais penchant ? ce sont ses fautes qui entrainent son malheur. »
Cependant, cette lecture colle mal avec la grammaire du texte du midrash, de plus, a travers ce verset le midrash critique Jacob, Adan et Abraham, or ces trois personnages ne sont jamais considérés comme des pécheurs, au contraire. Je pense donc qu’il est plus logique de lire ce midrash, d’une manière plus littérale, sans point d’interrogation a la fin.
Selon cette nouvelle traduction le midrash voudrait dire, « si l’homme se plaint de sa vie, qu’il la trouve absurde c’est par ce qu’il s’est renforcé sur ses fautes et qu’il a brisé son mauvais penchant. » En effet, un homme épicurien qui suit ses désirs et qui les assouvie, ne dira jamais de la vie est cruelle, par contre, il y a dans le fait même, de ne pas suivre ses désirs, un désir de pureté absolue, qui entraine le sentiment, que même d’un point de vue spirituelle, la vie ne vaut pas la peine d’être vécue.
Le premier exemple que le midrash donne pour illustrer cette règle, c’est la plainte d’Adan après la faute, il se plaint à D de lui avoir donné Eve comme épouse. Or, dans les faits, il est clair qu’Eve est la cause de la faute. La raison pour laquelle Adan a tort de se plaindre, c’est par ce que la faute elle-même, a un sens, elle ouvre la possibilité d’une nouvelle histoire pour Adan.
La faute, comme la naissance, sont des chutes spirituelles, mais elles prennent sens si on les considère comme des moyens de faire résider la présence divine dans les mondes inferieurs.
Cependant, pour celui qui est dans l’optique d’une ascèse spirituelle, cette chute peut être un bien pour D, mais elle reste un mal pour l’homme.
Dans cette optique, le bonheur de D et celui de l’homme ne peuvent pas coïncider, en effet, l’homme veut voir la splendeur divine dans tous l’éclat de son dévoilement, alors que D veut descendre dans la matière.
Or, le paradoxe est d’autant plus fort que D ne peut descendre dans la matière qu’a mesure que l’homme cherche à dévoiler sa splendeur.
Il y a une contradiction incompressible entre la pureté moral et l’amour de D. L’amour de D est un abandon de soi a D et à la vie, alors que la pureté morale est un combat, une violence contre soi. Or cette violence contre soi finira toujours par s’étendre et à s’orienter contre D. on ne peut pas se haïr soi-même et aimer D.
Si Jacob ou Abraham ne sont pas puni de leur haine de D, c’est par ce que cette haine était motivée, par un désir de pureté et d’élévation morale absolue, un désir qui était irréconciliable avec l’amour de D. ou de la vie.
Le talmud dans le traité de Chabat (156) dit « celui qui est né un lundi sera un homme colérique, car c’est le jour ou l’eau a été séparée en deux. » Le lundi, D a séparé les eaux d’en haut de celles d’en bas, en créant le « Rakia », le « Rakia » est la barrière qui transforme le spirituel en matériel et le spirituel en spirituel. Or toutes les eaux voulaient monter, les eaux se sont donc battues entre elles. Celui qui est né un lundi sera un homme colérique par ce qu’il cherche constamment à monter. Or on ne peut vouloir monter que si on se sent victime d’une chute ou d’un abaissement. Vouloir monter spirituellement c’est lutter contre un avilissement impose par D., c’est se mettre en colère. (cf. berahot 5a)
Ce paradoxe que l’on retrouve dans le rapport à D, peut se retrouver dans le rapport aux autres. Pour pouvoir parler aux autres l’homme doit nécessairement se déchirer lui-même, il doit s’ouvrir en deux pour pouvoir communiquer a l’autre.
Le dialogue avec l’autre n’est possible que si l’on est capable de se parler à soi-même. Pour avoir quelque chose à dire, il faut se déchirer intérieurement, il faut créer un conflit interne, la parole n’étant que l’expression qui en émane et qui exprime ce conflit.
Lorsque l’homme est dans un état d’abandon et de paix avec lui-même il n’a rien à dire, il ne peut pas vraiment communiquer.
Les femmes sont toujours obligées de faire des crises d’hystérie et de se déchirer elle-même pour parler avec leur époux ou avec leur mère et parfois même avec leurs enfants.
Pourtant, par ce déchirement qui est avant tout un désir de communiquer avec l’autre, elles font fuir celui auquel elle voulait s’adresser. L’homme ne peut être en paix avec son prochain que lorsqu’il est dans un état d’abandon et de paix interne, mais lorsqu’il est dans cet état il n’a plus rien à lui dire.
Une rythmique réactive
Il semblerait donc que l’homme soit dans une impasse, soit il cherche à se réaliser, à s’exprimer et à se dépasser, ce dépassement entrainant a terme, un dégout pour la vie, et un désenchantement. Soit il choisit de s’abandonner au vide de la vie, et la c’est l’ennuie et l’absurde qui risque de le conduire à la dépression.
Il est certain que le secret du bonheur réside dans l’alternance de moments d’abandons avec des moments de dépassements. Cependant, il est à noter qu’aucun des deux éléments est une source de joie en soit, que c’est la rythmique et la relation qui anime ces deux moments qui créent le bien être.
La vérité ne serait pas dans l’expression de soi, ou au contraire la dissolution de sa volonté dans l’acceptation d’une volonté universelle, la vérité serait l’articulation de ces deux désirs contradictoires. Jacob lui-même alterne des moments de soumission avec des moments de révoltes, des moments d’abandon avec des moments de dépassements.
Cependant il est difficile de comprendre comment on pourrait créer une relation harmonieuse entre des éléments si antinomiques et disharmoniques.
L’histoire de Jacob peut nous proposer une solution.
Deux personnes vont compter dans la vie de Jacob, son frère essav, et son beau père Lavan. Essav est appelle « Edom », le rouge, alors que Lavan veut dire « blanc » en hébreux. Le talmud dans nida explique que, dans le corps humain tout ce qui est blanc, vient du père, puisque le sperme est blanc, alors que tout ce qui est rouge vient de la mère, puisque les règles sont rouges.
Dans cette optique Lavan devrait être le personnage masculin qui s’oppose à Jacob, alors que essav aurait due être le personnage féminin.
Pourtant, lorsque l’on regarde l’histoire de Jacob, il apparait clairement qu’essav est le personnage masculin du récit, puisqu’il vient à la rencontre de Jacob avec 400 personnes armés, il utilise la force, comme le font les hommes, alors que Lavan est le personnage féminin, puisqu’il utilise toujours la ruse et la séduction pour tromper Jacob, comme le font les femmes. Dans cette optique les noms des protagonistes auraient donc dû être inversés, c’est Lavan qui aurait dû s’appeler rouge, et essav qui aurait dû être le blanc.
Cependant, ces appellations sont justifiées si on regarde le comportement de Jacob face a ces deux adversaires. Lavan utilise la ruse, face a la ruse Jacob utilise la force, dès que Jacob arrive a haran il est habité par une force surhumaine, il enlève la pierre qui couvre le puit comme ont enlève le bouchon d’une bouteille, lorsque Lavan change son contrat plusieurs foi, il réussit à remplir toutes les closes, par ce qu’il est habité d’une force surhumaine qui lui permet de remplir les conditions inhumaines de Lavan. A la fin de son séjour Jacob confronte Lavan ouvertement.
Par contre, lorsque Jacob est confronté à essav il utilise avant tout la ruse et la séduction, il lui envoi des cadeaux il se prosterne devant lui, il fait l’hypocrite.
En réalité, essav entraine chez Jacob un comportement féminin, alors que Lavan entraine chez Jacob un comportement masculin. Les antagonistes de Jacob ne sont pas nommées suivant leur nature profonde, ils sont plutôt nommés en fonction de l’impact qu’ils ont sur Jacob.
Par ce fait la torah cherche à montrer que la vérité de Jacob est réactive, lorsqu’essav s’oppose à Jacob par la force, il répond par l’abandon et la séduction, il donne a essav tout le bétail qu’il a gagné chez Lavan, il abandonne tout. C’est à ce moment qu’il dit « j’ai tout, je n’ai besoin de rien », et qu’il remercie D pour ses bienfaits.
Lorsqu’il est confronté à la séduction de Lavan, Lavan veut que Jacob s’abandonne à lui et qu’il face « un » avec lui, c’est ce qu’il exprime lorsqu’il dit « les enfants sont les miens, tout ce que tu as est à moi etc.. ». Face à la séduction de Lavan, Jacob utilise la force et il se dépasse de manière surhumaine.
L’homme ne peut trouver l’équilibre que par réaction a des conditions extérieures, lorsque la tendance extérieure pousse à l’abandon, l’homme trouve l’équilibre et le bonheur dans le dépassement de lui-même, lorsque les conditions extérieures poussent au dépassement, l’homme trouvera le bonheur dans l’abandon.
La dépression ne serait pas du a un déséquilibre hormonal quelconque, elle serait plutôt le symptôme d’une difficulté à sentir et à adapter son état d’esprit a une situation donnée. Une difficulté à sentir quand la situation impose à être actif et quand elle impose l’abandon passif.
Les documents
Puis Jacob dit "O Divinité de mon père Abraham, Divinité d'Isaac mon père! Éternel, toi qui m'as dit: ‘Retourne à ton pays et à ton lieu natal, je te comblerai;’ 11 je suis peu digne de toutes les faveurs et de toute la fidélité que tu as témoignées à ton serviteur, moi qui, avec mon bâton, avais passé ce Jourdain et qui à présent possède deux légions. 12 Sauve moi, de grâce, de la main de mon frère, de la main d'Ésaü; car je crains qu'il ne m'attaque et ne me frappe, joignant la mère aux enfants! 13 Pourtant, tu as dit: ‘Je te comblerai de faveurs et j'égalerai ta descendance au sable de la mer, dont la quantité est incalculable.’ "
Genese 47 7
Pharaon dit à Jacob: "Quel est le nombre des années de ta vie?" 9 Et Jacob répondit à Pharaon: "Le nombre des années de mes pérégrinations, cent trente ans. II a été court et malheureux, le temps des années de ma vie et il ne vaut pas les années de la vie de mes pères, les jours de leurs pérégrinations." 10 Jacob salua Pharaon et se retira de devant lui.
Plusieurs études récentes montrent que les personnes ambitieuses sur le plan professionnel sont moins heureuses que celles qui le sont moins. Pourquoi ce constat ? Comment vivre une vie professionnelle qui rend heureux ? Explications.
Dans nos sociétés, l’ambition est valorisée comme une qualité essentielle. Avoir du succès, gagner plus, aller plus loin, plus vite, prendre des risques, se lancer : voilà des slogans porteurs, particulièrement valorisés dans l’entreprise, les start-up… Pourtant, de plus en plus d’études récentes montrent que le lien entre ambition et bonheur ou bien-être n’est pas forcément dans le sens que l’on croit. Au contraire, on constate que les personnes ambitieuses vivent souvent une vie moins heureuse que les gens qui sont moins ambitieux.
Ambition ne rime pas forcément avec bien-être
Les études scientifiques sur le sujet se sont multipliées ces dernières années, au point qu’il existe aujourd’hui une typologie pour décrire les personnalités ambitieuses et celles qui le sont moins. Il y aurait les personnalités très ambitieuses (dites de Type A) avec une volonté de succès plus élevée, des objectifs professionnels importants, qualifiés de leaders, en permanence tournées vers leurs projets et vers l’avenir, et les personnalités de Type B, plus en retrait, qualifiés de « suiveurs », moins ambitieuses professionnellement et matériellement, plus tournées vers le présent.
Dans l’imaginaire général on associe souvent les personnalités de Type A avec le bonheur, le succès, le bien-être, et les personnalités de Type B avec une vie monotone, médiocre, voire malheureuse. Pourtant, la plupart des études récentes affirment plutôt le contraire.
Il y a d’abord une étude longitudinale menée par une équipe de chercheurs de l’Inter-university Consortium for Political and Social Research (ICPSR) pendant 70 ans. Cette étude a suivi entre 1922 et 1991 plus de 1500 enfants associés avec des personnalités de Type A : ambitieux, motivés par le succès professionnel, matériel, et l’acquisition de talents. Au cours de leur vie, ces personnes ont répondu régulièrement à une série de questionnaires sur leur perception de la vie, leur santé, leur réussite et leurs réponses ont été comparées à celles d’un groupe de contrôle constitué de personnalités correspondant au Type B. Les résultats sont particulièrement étonnants : bien que la plupart des personnes du groupe des personnalités de Type A aient réussi à cocher toutes les cases d’une vie en apparence réussie (études dans les plus grandes universités, réussite professionnelle très forte, rémunération bien au-dessus de la moyenne, conditions matérielles très enviables), ils n’étaient pas plus heureux que la moyenne du groupe de contrôle. En revanche, leurs indicateurs de santé étaient moins bons, et leur espérance de vie plus courte en moyenne.
Une étude menée par l’Indian Journal of Community Psychology confirme ces résultats et montre que plus une personnalité tend vers le type A, moins ses chances d’être satisfaite de sa vie étaient élevées. Une autre étude menée par un chercheur de l’Université du Texas montre que lorsqu’on leur demande de coucher sur papier leurs pensées quotidiennes, les jeunes professionnels ayant une personnalité de type A (et ayant beaucoup de succès professionnel) rapportent 70% de pensées négatives.
Comment l’ambition peut devenir délétère
Plusieurs types de corrélations permettent d’expliquer ce décalage. D’abord, selon diverses études menées un peu partout dans le monde, on observe que les personnes les plus ambitieuses sont souvent celles qui « réussissent » le mieux professionnellement (ce qui est confirmé par l’étude ICPSR). Le problème, c’est que la réussite professionnelle n’est pas un marqueur prédictif fort de la satisfaction globale ou du bien-être. Au contraire, la plupart des études s’accordent à dire que les carrières les plus dynamiques et pleines de succès sont aussi celles où le stress est le plus fort, celle ou l’équilibre vie privée vie professionnelle est le moins bon, celles ou la pression psychologique est la plus élevée, celles ou le taux de divorce est le plus haut. Or si l’on regarde les différentes études qui ont tenté de définir ce qu’est une vie heureuse (voir notamment la Stanford Happiness Study), ce sont justement des facteurs comme la qualité de vie au travail, l’équilibre vie-privée vie professionnelle, les relations sociales, amicales et familiales qui sont donnés comme les plus importants. En résumé, plus on est ambitieux, plus on a tendance à sacrifier certains éléments de sa vie (qualité de vie, vie privée) pour sa vie professionnelle, et le résultat sur le bonheur global est souvent négatif.
Mais ce n’est pas tout. Les chercheurs à l’origine de l’étude ICPSR sur l’ambition estiment qu’il y a un fort levier psychologique dans le fait que les personnes ambitieuses ne soient en général pas plus heureuses que les autres malgré leurs succès. Ce levier, c’est la tension qui existe entre leurs objectifs et leurs résultats. Selon Timothy Judge, l’un des chercheurs à l’origine de l’étude, les personnalités de type A ont tendance à définir des objectifs ambitieux pour leur vie professionnelle ou privée (être très bien payé, être reconnu, vivre une vie hors du commun, ne plus avoir de patron). Or, si leurs résultats sont généralement bons en pratique (les personnes ambitieuses sont en moyenne mieux payées par exemple) cela n’est pas suffisant pour que l’objectif initial soit atteint : on est bien payé, mais pas autant qu’on le voudrait. Résultat ? Les personnalités de Type A vivraient en permanence dans une forme de tension vers l’avenir, vers ce qu’ils aimeraient avoir mais qu’ils n’ont pas.
L’autre facteur qui peut expliquer ces résultats est un biais que la psychologie appliquée appelle le « biais du survivant« . Les études montrent que le cerveau humain a naturellement tendance à intégrer plus facilement les bonnes nouvelles, les success story, et à rejeter les mauvaises nouvelles, les échecs (voir notre article : Changement climatique : faut-il être optimiste ou pessimiste ?). En matière d’ambition, on retrouve ce biais : on a tendance à ne retenir que les belles histoires de celui ou de celle qui a fait fortune en montant son entreprise, de celui ou de celle qui a vécu une vie heureuse grâce à un succès professionnel… Et en effet, ce sont généralement ces histoires qui sont médiatisées, pas celles des nombreux qui ont échoué sur le chemin. De plus, ces success story sont très souvent partielles : on ne parle que des réussites et des points positifs, rarement des obstacles, des doutes, des difficultés. Au final, les personnes ambitieuses s’identifient à ces « survivants » (ceux qui ont réussi) et occultent donc beaucoup des difficultés qui sont inhérentes à ces projets. De fait, lorsqu’elles rencontrent ces difficultés et ces échecs, cela créé de la frustration.
Concilier ambition, bonheur, qualité de vie et longévité, c’est possible ?
Alors bien sûr, il ne s’agit pas de dire que toutes les personnes ambitieuses seront forcément malheureuses ou qu’elles seront forcément frustrées. Mais c’est une tendance que la psychologie cognitive observe. Alors comment concilier une vie professionnelle ambitieuse et intéressante et une vie heureuse et pleine de bien-être ? Évidemment, il est impossible de donner une réponse simple, tranchée et universelle car en matière de bien-être, tout est essentiellement affaire de subjectivité et de personnalité.
Toutefois, quelques études se sont penchées sur ces questions et grâce à elle, on peut tenter de donner un début de tendance.
D’abord, il y a l’étude de Stanford sur le bonheur, la plus longue étude jamais menée sur la question du bonheur et du bien-être. Parmi les conclusions de cette étude menée sur près de 80 ans, voici quelques points saillants qui participeraient au bonheur plus que les autres :
Vivre et profiter du présent en se projetant moins dans l’avenir ou en pensant moins au passé. Professionnellement, cela peut se traduire par la volonté de trouver de la satisfaction et du sens dans ce que l’on fait au quotidien (et tenter de le faire bien), sans pour autant vouloir toujours faire plus, avoir plus, gagner plus.
Être résilient : c’est à dire apprendre à s’adapter aux chocs et aux crises de la vie. Le message, c’est surtout d’éviter le stress, de savoir lâcher prise.
« Ne rien faire » : l’étude de Stanford met l’accent sur le fait que les sociétés occidentales sont extrêmement structurées par la notion de performance : faire plus, faire mieux, faire plus vite. Or une étude menée par la même Université en 2011 démontre que prendre du temps pour « ne rien faire » participe à notre bien-être physique, psychologique, mental mais aussi à notre performance (paradoxalement). On ne compte plus d’ailleurs les études qui montrent que travailler moins améliore la santé et le bonheur, que prendre du temps pour méditer améliore la santé cognitive et physique, que les activités « lentes » comme le Yoga ou les Pilates ont des effets extrêmement bénéfiques sur la santé et le bien-être. Il s’agirait donc de prendre plus de temps pour ne rien faire, se détendre, assumer sa routine. Passer plus de temps avec les autres : l’écrasante majorité des sujets de l’étude de Stanford annonçaient à la fin de leur vie qu’ils regrettaient d’avoir passé trop de temps à leur travail ou ailleurs, et de ne pas avoir passé assez de temps avec leurs familles, leurs amis… Il faudrait donc sans doute prendre plus de temps pour vivre avec ses proches, créer du lien.
L’étude menée par l’Université du Texas porte des conclusions similaires : elle montre que les personnes ambitieuses sont souvent celles qui sont dans un état d’esprit de « rareté ». Il leur manque quelque chose, ils font beaucoup de comparaisons sociales (« j’ai moins qu’untel » « je suis moins bien qu’untel », tendance qui est largement attisée par l’importance des réseaux sociaux). Or c’est cet état d’esprit qui, selon le directeur de l’étude Raj Raghunathan créerait de la frustration et du ressentiment. L’étude analyse que les personnes ambitieuses ont souvent trois grandes frustrations : le besoin de contrôle (être haut dans la hiérarchie, être son propre patron…), le besoin de supériorité (gagner plus, être mieux que l’autre) et le besoin d’admiration. Selon le chercheur, ces 3 besoins, plus ou moins inconscients, mineraient largement le bien-être individuel. Il faudrait plutôt faire l’inverse : lâcher prise, se contenter de ce qu’on a, et chercher une relation constructive avec les autres.
Genese 37 1
Jacob demeura dans le pays des pérégrinations de son père, dans le pays de Canaan.
Rashi
« Ya‘aqov demeura » : Ya‘aqov aspirait à demeurer en paix, mais des tourments l’assailliront venant de Yossef. Les justes rêvent de vivre dans la tranquillité, mais le Saint béni soit-Il leur rétorque : « Pourquoi les justes ne se contentent-ils pas de ce qui leur est réservé dans le monde à venir, et veulent-ils aussi jouir de la paix dans ce monde-ci ? » (Beréchith raba 84, 3).
בראשית רבה (תיאודור-אלבק) כי"ו פרשת ויגש פרשה צה
(ט) [ויאמר יעקב אל פרעה ימי שני] וגו' מעט ורעים אמ' ר' אבא בר כהנא ביני לבינך קטנתי (בראשית לב יא), ביני לבין אחרים מעט ורעים, אמ' ר' שמעון בן יוחיי לפי שקרא תיגר בשלושים ושלש תיביות לפיכך נמנע מחייו שלשים ושלש שנה.
Le nombre des années de mes pérégrinations, cent trente ans. II a été court et malheureux, le temps des années de ma vie. Rabi Ami Aba fils de Kahana, « entre toi et moi tu dis « je suis trop petit pour les bienfaits » et lorsque tu parle aux autres tu dit « courtes et mauvaises » ! ». rabi chimon bar yohay dit puisque jacob c’est plaint de sa vie en utilisant 33 lettres, c’est pour cette raison que l’on a enleve de sa vie 33 ans.
Avodah zarah 11
And the Lord said to her: Two nations [Goyim] are in thy womb.7 Said Rab Judah in the name of Rab: Read not Goyim8 [nations] but Ge'im [lords].9 This refers to Antoninus and Rabbi10 from whose table neither lettuce, nor radish nor cucumber was ever absent either in summer or winter; and, as a master has said: Radish helps the food to dissolve, lettuce helps the food to be digested, cucumber makes the intestines expand.
Chabad 156
He who is born on the second day of the week will be bad-tempered — What is the reason? Because the waters were divided thereon.21 ( Division or disunity is caused by bad temper. — Rashi: so will he be estranged from other people (through his temper). All the waters wanted to go up
Avodah zara 10
Many a time7 Antoninus sent Rabbi gold-dust in a leather bag filled with wheat at the top, saying [to his servants]: 'Carry the wheat to Rabbi!' Rabbi sent word to say. 'I need it not, I have quite enough of my own', and Antoninus answered: 'Leave it then to those who will come after thee that they might give it to those who will come after me, for thy descendants and those who will follow them will hand it over to them.'8
Antoninus9 had a cave which led from his house to the house of Rabbi. Every time7 [he visited Rabbi] he brought two slaves, one of whom he slew at the door of Rabbi's house and the other [who had been left behind] was killed at the door of his own house.10 Said Antoninus to Rabbi: When I call let none be found with thee. One day he found R. Haninah b. Hama sitting there, so he said: 'Did I not tell thee no man should be found with thee at the time when I call?' And Rabbi replied. 'This is not an [ordinary] human being.' 'Then', said Antoninus, 'let him tell that servant who is sleeping outside the door to rise and come in.' R. Haninah b. Hama thereupon went out but found that the man had been slain. Thought he, 'How shall I act now? Shall I call and say that the man is dead? — but one should not bring a sad report; shall I leave him and walk away? — that would be slighting the king.' So he prayed for mercy for the man and he was restored to life. He then sent him in. Said Antoninus: 'I am well aware that the least one among you can bring the dead to life, still when I call let no one be found with thee.' Every time [he called] he used to attend on Rabbi and wait on him with food or drink. When Rabbi wanted to get on his bed Antoninus crouched in front of it saying. 'Get on to your bed by stepping on me.' Rabbi, however, said, 'It is not the proper thing to treat a king so slightingly.' Whereupon Antoninus said: 'Would that I served as a mattress unto thee in the world to come!' Once he asked him: 'Shall I enter the world to come?' 'Yes!' said Rabbi. 'But,' said Antoninus, 'is it not written, There will be no remnant to the house of Esau?'11 'That,' he replied. 'applies only to those whose evil deeds are like to those of Esau
Sanhedrin 91
Antoninus also said to Rabbi, 'When is the soul placed in man; as soon as it is decreed [that the sperm shall be male or female, etc.], or when [the embryo] is actually formed?' He replied, 'From the moment of formation.' He objected: 'Can a piece of meat be unsalted for three days without becoming putrid?6 But it must be from the moment that [God] decrees [its destiny].' Rabbi said: This thing Antoninus taught me, and Scripture supports him, for it is written, And thy decree hath preserved my spirit [i.e., my soul].7
Antoninus also enquired of Rabbi, 'From what time does the Evil Tempter hold sway over man; from the formation [of the embryo], or from [its] issuing forth [into the light of the world]?! — 'From the formation,' he replied. 'If so,' he objected, 'it would rebel in its mother's womb and go forth. But it is from when it issues.' Rabbi said: This thing Antoninus taught me, and Scripture supports him, for it is said, At the door [i.e.,where the babe emerges] sin lieth in wait.8
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